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samedi 30 avril 2016

Le Château de Ménilmontant, Saint-Fargeau

Avant le rattachement des communes environnantes, avant le passage de Napoléon III, Paris était une cité plus petite… La ville, ses rues pavés, son agitation…

A l’Ouest, Versailles et quelques villages.

A l’Est, des bois, des petits villages.

L’Est parisien devient prisé par les nobles, les bourgeois et les religieux pour sa tranquillité et sa situation géographique qui éloigne les habitants le plus possible de Versailles, son Roi et sa Cour.

Sur l’un des versants de la colline : Ménilmontant. Ici se situe une vaste forêt qui abrite un château, construit au XVIème siècle. Ce domaine était le plus grand de l’Ouest parisien.

Ancienne Carte de Ménilmontant

En 1695, un certain Michel Robert Le Peletier des Forts acquiert ces terres pour s’y installer avec sa famille. Il est l’ancien intendant des finances et également seigneur d’un domaine situé dans l’Yonne : Saint-Fargeau, ce qui vaudra au futur château le nom de Château de Saint-Fargeau.

A côté de l’ancien château, il décide d’en construire un nouveau (et peut-être détruire l’autre par la même occasion ?).

Il aménage l’immense parc désormais composé de jardins à la française bordés de grandes allées, de bassins alimentés en eau de sources situées à proximité et d’un bois au sommet de la colline.

Plus tard, Louis-Michel Lepeletier, héritier, et sa fille, vendront des parts du parc.
La fille détruira d’ailleurs le dernier château existant du domaine.

Le démantèlement des terres s’accélère dès 1763. 20 ans plus tard, une partie du bois est détruite afin de vendre la matière première à des marchands de bois. On aménage ces terres dans le but d’y installer des exploitations agricoles qu’on loue désormais à des cultivateurs.

En 1808, on installe le cimetière de Belleville sur l’ancien parc du château, des habitations s’y construisent également.

Depuis le 21 Juin 2007 un centre culturel, Le carré de Baudouin, a également ouvert ses portes au public constitué d’un jardin et de jeux aménagés pour les enfants et les familles du quartier, d’une salle d’exposition, d’un studio photo...

Ce qu’on peut savoir également : les actuelles rues Haxo (pensée à une des fameuses stations de métro « fantômes », du même nom, qui ne vit jamais la lumière du jour, dans le XIXème arrondissement), Télégraphe, Borrégo et Saint-Fargeau suivent le parcours des anciennes allées du parc.

On ne trouve qu’une plaque historique pour témoigner de sa présence passée, rue Pelleport :

vendredi 29 avril 2016

Une histoire de "poulets"

« Tiens, v’là les poulets ! »

Ooooh ! un peu de respect, que diable !

Qui n’a jamais entendu parler des policiers en ce terme ?


Poulaga, poulard, perdreau…. Mais pourquoi tous ces noms d’oiseaux ?

La police, comme de nombreuses choses, personnes, métiers est, elle aussi, victime de l’argot parisien.

C’est Napoléon Bonaparte qui fonda la magistrature de la Préfecture de Police en 1800. Le policier fait suite au métier de guet royal (institué par Saint-Louis en 1254) qui avait comme fonction d’assurer la sécurité et la surveillance (mais uniquement de nuit) dans la ville. Le préfet de police, quant à lui, se voit attribuer les fonctions qu’occupait le prévôt de Paris.

Lors de la Commune, en 1871, le bâtiment de la Préfecture de Police est incendié.
Ils intègrent par la suite, sur l’Ile de la Cité, un bâtiment prêté par Jules Ferry. A cet emplacement, se tenait autrefois un marché aux volailles, ce qui leur valut ce sobriquet déviant vers le quolibet utilisé aujourd’hui !

Certains s’en amusent d’ailleurs, comme Loué, producteur fermier de poulets qui, à deux reprises, a utilisé la plaisanterie afin de mener cette fantastique campagne publicitaire : 

Souvenez-vous...


Il semble que ce soit le ministre de l’intérieur lui-même qui aurait confirmé cette origine.

jeudi 28 avril 2016

Quand Gérard de Nerval promène son homard

Nous avons tous plus ou moins conscience que l’être humain est capable du meilleur comme du pire… surtout en matière de folie. Malheureusement, tout un chacun peut potentiellement être victime de ses propres émotions, si intenses soient-elles, même les plus grands spécialistes de la question.

Je m’intéresse aujourd’hui à Gérard Labrunie plus connu sous le nom de Gérard de Nerval.
Ecrivain et poète, au cours de sa vie, dans les années 1830 il commence à évoluer dans le cercle de grands écrivains tels que Victor Hugo ou encore Alexandre Dumas ou d’artistes tel que le peintre Eugène Devéria.

C’est à cette époque qu’il décide de prendre « de Nerval » comme nom d’adoption ; nom d’un lieu-dit proche d’un champs cultivé par son grand-père.

Gérard de Nerval

Gérard fait partie du Sénacle, un groupe d’intellectuels de la Comédie Humaine (Honoré de Balzac) puis s’éloigne pour intégrer le Petit-Sénacle, groupuscule beaucoup moins sérieux que le Sénacle.

Cette déclinaison du groupement d’intellectuels attire vivement l’attention de la société… surtout des archers du guet qui finirons par arrêter Gérard parmi d’autres. Ses membres s’amusent, abusent de la boisson, chahutent….

Le 31 Octobre 1837, il aurait créé l’Opéra Comique Piquillo, pourtant, seul Dumas signe l’œuvre…
Le premier rôle est attribué à l’actrice Jenny Colon dont il tombe éperdument amoureux. Elle serait son idole, la femme parfaite… Malheureusement, c’est un amour à sens unique.
Depuis son décès, il ne cesse de la voir apparaître dans ses rêves, il se sent comme hanté par l’actrice, ce qui le déstabilise au plus haut point.

Le 23 Février 1841, il fait une première crise de folie durant laquelle il est soigné par Madame Marie de Sainte Colombe.

Il récidive le 21 Mars. Sa folie se manifeste de manière bien particulière. Chose forte intéressante, on retrouve sur les marches du Palais-Royal et au café Véry (tout proche du Palais-Royal), un Gérard de Nerval content de promener son animal. Au bout de la laisse…. Un homard ! 

Oui, imaginez (si vous le pouvez), un gaillard comme Gérard de Nerval parcourant fièrement les rues et les cafés de Paris avec le crustacé.

Lors de son achat dans une des boutiques du Palais-Royal, il s’était justifié de son choix avec aplomb : « J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer et n’aboient pas ».

Gérard de Nerval promenant son homard

Il fut conduit sur Montmartre dans la clinique du Docteur Blanche, spécialiste des maladies mentales.

On gardera toujours un doute sur sa manière d’adhérer ou non à la réalité. Sa vie tournera désormais autour d’une quête mêlée de mysticisme, symbolisme et ésotérisme le poussant à voyager un peu partout dans le monde.

Il meurt en plein Paris, pendu à des barreaux, dans la rue de la Vieille-Lanterne (suicide ? meurtre ? victime de sa folie ?).
Sa cérémonie funéraire s’est déroulée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris et repose au cimetière du Père-Lachaise (sa concession lui a été financée par Théophile Gautier et Arsène Houssaye).

mercredi 27 avril 2016

Les Orgues de Flandre - Paris

Le XIXème arrondissement est un « jeune » quartier, qui était encore très populaire il y a peu de temps.

Marqué par son histoire ouvrière, il a fallu loger un grand nombre de personnes. Il fait partie des arrondissements « sacrifiés », constitué de quelques grands ensembles dont les impressionnants Orgues de Flandre.

Composés de 4 tours : la tour Prélude, la tour Fugue, la tour Cantate et la tour Sonate, les orgues ont été construits entre 1970 et 1980.

La plus grande, la tour Prélude atteint une hauteur de 123 mètres avec, au total, 19 étages (imaginez la vue que vous pouvez avoir…), ce qui en fait le plus haut immeuble d’habitation de la capitale !

L’architecte, Martin Schulz Van Treck, a cherché à casser les codes architecturaux de l’époque.

Il désire y intégrer tout un tas de concepts encore peu utilisés à cette période. Pour ce faire, il façonne les bâtisses de manière à leur donner un effet de mouvance, de relation entre les tours, de plein et de vide.

Il casse l’image de la « cité » et créé 4 tours accolées, formant des fûts de différentes hauteurs qui lui valent le nom d’Orgues de Flandre (situés sur l’avenue de Flandre).

Les Orgues de Flandre dans "sa" station de métro la plus proche


Leurs façades sont dotées de généreux balcons, ce qui fait que la structure des bâtiments permet de nombreuses perspectives. En effet, quand on se promène avenue de Flandre, on peut profiter de ces façades peu communes. Disposées en encorbeillement, elles instaurent une ambiance protectrice et intimiste dès lors que l’on s’aventure à l’intérieur.

Car oui, Martin Schulz Van Treck s’intéresse également au parcours du promeneur. Il s’interroge sur l’aménagement d’un parcours qui se voudrait agréable.

Cet ensemble de logements sociaux (d’une surface de 6 hectares) avec, en son centre, l’îlot Riquet : 1 hectare d’espace vert protégé de la rue afin que les enfants puissent jouer, et les parents se promener, en toute tranquillité.

Depuis son cœur, le décalage constant des étages permet d’éviter cette sensation d’étouffement que l’on peut connaître ailleurs, au pied des gratte-ciels.

Dès leur construction, on pense à la vie en communauté. Des milliers de personnes, de familles vont vivre ici. On installe des équipements commerciaux, un centre sportif, des écoles des ateliers d’artisans et même une maison de retraite. Un marché couvert existait également à proximité, à la place de l’actuel Emmaüs.

mardi 26 avril 2016

Le dernier voyage de Félix Faure

Je souhaite vous parler d’un sujet plus léger, enfin, si l’on considère que la mort peut être légère bien sûr.

Ancien président de la République, son destin fut écourté par une drôle d’aventure.

Félix Faure eut une liaison, avec Marguerite Steinheil, qui lui fut fatale.


Une journée de Février 1899, il prend la décision de divorcer de sa femme Berthe dans le but d’épouser en seconde noce Marguerite (elle-même mariée). 
Il lui donne rendez-vous en fin d’après-midi. Un rendez-vous galant qui se transforme en drame.

L’entrevue se veut intime, pourtant, les gardes entendent des cris anormaux survenir de sa chambre et le retentissement de sa sonnette. Ils accourent. Ils retrouvent Félix allongé sur son divan, pantalon aux chevilles avec à ses côtés Marguerite qui se recoiffe et qui arrange sa tenue.


Félix Faure décède dans les bras de sa maîtresse d’une attaque cérébrale au Palais de l’Elysée.

Des gens « bien informés » répandent l’histoire, expliquant à tout Paris que le Président est mort à cause d’une fellation donnée par Marguerite Steinheil.

Sa réputation est née. Cette histoire lui vaut le quolibet de « Meg la Pompe Funèbre ».
Elle devient la salonnière et demi-mondaine la plus connue de l’Etat. Bénéficiant d’une notoriété plutôt « flatteuse », elle devient, par la suite, la maîtresse de beaucoup de personnalités de l’époque comme Aristide Briand ou encore le roi du Cambodge…

Rassurez-vous, elle n’est mêlée en rien aux décès de ses autres amants.

lundi 25 avril 2016

La rue du Poil au con, cet appel à la prostitution

A Paris comme ailleurs, il fut un temps où la capitale était encline à de drôles de mœurs beaucoup moins sages qu’aujourd’hui : libertinage, vol, rixes voire duels en pleine rue, émeutes, … la loi n’encadrait pas les choses aussi bien qu’aujourd’hui.

Il y a fort longtemps déjà, l’Eglise s’était chargée de faire retrouver le « chemin de la raison » aux donzelles et de les cacher sûrement en les enfermant dans des couvents…

Tout au long de l’Histoire, nombre de dirigeants ont tenté d’interdire la prostitution urbaine. 

Nous nous retrouvons aujourd’hui au XIIIème siècle, c’est la période du règne de Louis IX, le dirigeant qui a été le plus virulent avec ce commerce si spécial. Il tente de faire fermer les maisons de passe parisiennes (avec l’aide du Parlement) et d’expulser ces filles publiques hors de Paris.

Certaines prostituées sont connues comme les plus célèbres : Gila la Boiteuse, Marie la Noire, Florée du Bocage…. Il existe pas moins de « trente rues chaudes » selon les écrits de Guillot vers 1300.

Celle qui nous intéresse aujourd’hui est une des rues les mieux placées de la capitale : la rue du Poil-con (puis Poil au con), du moins, c’est comme cela qu’elle s’appelait à l’époque.

La racine de son appellation viendrait du mot « poiler » qui signifie au Moyen-Âge « peler ». Inutile de vous en expliquer le sens complet, vous aurez compris de quoi il retourne.

Rue du Pélican

Des prostituées avaient élu domicile dans cette petite rue qui permettait à la fois l’intimité et la tranquillité dont ne bénéficient pas les grandes artères. Les clients : commerçants, hommes de pouvoir, infidèles, … peuvent s’y aventurer pour leur bon plaisir sans trop de crainte d’être vus.

Sous la Révolution Française, afin de signifier à tout Paris que ces femmes sont expulsées, on la renomme la rue Purgée. 

Pour des raisons qui me sont inconnues, elle prit son nom, plus tard, de rue du Pélican… pourtant, qui aurait pensé croiser un pélican à Paris ?

... au cimetière du Père Lachaise

dimanche 24 avril 2016

Le troublant Allan Kardec

Lors d’une de mes expéditions au cimetière du Père Lachaise, mon attention s’est portée sur un étrange ballet autour d’une tombe, celle d’Hippolyte Léon Denizard Rivail plus connu sous le nom d’Allan Kardec.

Allan Kardec

En plus d’avoir été fascinée par le côté imposant de sa sépulture, j’ai été comme impressionnée par l’atmosphère du lieu et de l’inscription apposée :
« Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi ».

Kardec se fit appeler ainsi car il croyait fermement qu’il avait eu des vies antérieures. Lors d’une séance d’évocation à l’aide d’un médium, un esprit, un certain Zéphir se serait manifesté à lui :
« Nous vivions tous deux ensembles il y a bien longtemps dans les Gaules. Nous étions amis, tu étais druide et t’appelais alors Allan Kardec... ».

Après avoir découvert la pratique des tables tournantes aux Etats-Unis en Mai 1855, il fut l’initiateur du spiritisme en Europe.

Il est convaincu qu’il est capable, par le biais de médiums, de rentrer en contact avec les esprits pendant des années et souhaite enseigner cette pratique à d’autres.

Il devient alors écrivain. Son premier ouvrage connu un franc succès : le « Livre des Esprits » paru en 1857 puis « Le livre des médiums » en 1861…. Au total, il en publiera 5 de son vivant (perpétuellement réédités).

Il fonde également la « Revue Spirite », magasine qui est encore publiée en plusieurs langues.

Revue Spirite

Il meurt d’un anévrisme en 1869, laissant nombre d’articles non terminés qui furent regroupés et publiés en un ouvrage sous le nom de « Les œuvres posthumes d’Allan Kardec ».

On peut voir l’influence de ce mouvement spirituel car aujourd’hui encore de nombreuses personnes viennent se recueillir, poser leurs mains sur l’une ou l’autre des épaules de son buste, derrière sa tête…

Certain de sa pratique, c’est lui-même qui aurait initié ce rituel en prononçant ces mots (légende ?) :
« Après ma mort, si vous passez me voir, posez la main sur la nuque de la statue qui surplombera ma tombe, puis faîtes un voeu. Si vous êtes exaucé, revenez avec des fleurs. »

Aux vues des visites, il semblerait que l’homme ait influencé le monde entier, notamment les Antilles mais surtout la population brésilienne qui semble lui accorder un temps précieux lors des séjours dans notre capitale. Il paraîtrait même que des célébrités telles que Victor Hugo ou Théophile Gautier aient pratiqué des séances de spiritisme croyant fermement y trouver des réponses que la science est incapable de fournir.

Néanmoins, afin d'éviter tout engouement, derrière sa tombe, on peut trouver ce message de la Mairie de Paris : 

Cliquer sur l'image pour agrandir

Lors de ma dernière visite, j’ai eu l’occasion de discuter avec un « habitué » du cimetière et un employé qui m’ont confié voir un homme revenir tous les jours. L’inconnu veille à la propreté de la sépulture et sur les fleurs déposées. C’est une des tombes les plus fleuries du cimetière.

Tombe fleurie d'Allan Kardec

Il semblerait aussi, qu’un homme (le même ?) vienne tous les jours se recueillir, restant longuement devant le lieu, se murant dans un silence parfois si intense qu’il n’accorde aucune attention aux passages : recueillement, prière, invocation ?

samedi 23 avril 2016

La trouble histoire de l'assasinat de Laëtitia Toureaux

Le 16 Mai 1937 à 18h27 est commis un assassinat à la station de métro Porte Dorée.

Les policiers  inspectant la scène du crime

Six personnes montent dans la voiture de 1ère classe où se trouve une jeune femme rousse, vêtue d’une robe verte et d’un chapeau blanc lui cachant le visage… personne ne semble remarquer que quelque chose s’est passé jusqu’à ce qu’elle s’effondre sur le sol au départ du train.

Parmi les voyageurs, un médecin qui se précipite pour s’occuper d’elle. Laëtitia, le corps gisant sur le sol a un couteau Laguiole planté dans sa gorge.

Récit de l'autopsie faite à Laëtitia

Pourtant, elle était seule dans la rame, personne n’en est descendu.

L’ennui c’est que la jeune femme est montée à Porte de Charenton, ancien terminus de la ligne 8 (une station avant celle où elle été retrouvée mourante).


Elle laissa échapper son dernier soupir dans l’ambulance la conduisant à l’Hôpital Saint Antoine.

On suppose que le meurtrier est descendu entre les deux stations alors que le train était encore en marche. Il réussit à prendre la fuite pendant… 25 ans !

 Pour quel mobile ?

On sait que Laëtitia était italienne, mariée à un français, jusqu’à son décès, pendant 4 ans et qu’elle travaillait à l’usine.
On la présentait comme une jeune femme discrète voire cachottière qui était serviable et considérée comme un modèle dans son travail.

Il semblerait qu’elle servait « d’infiltrée » auprès de ses collègues de travail pour ses supérieurs et aurait même été détective pour des inspecteurs.
Le doute persiste, elle entretenait toujours des relations très étroites avec l’Italie et avait deux amants soldats, basés sur des sites sensibles. Etait-elle une espionne servant les intérêts de son pays natal ?

Article relatant l'ambiguïté de Laëtitia Toureaux

En Novembre 1962, 25 ans après l’assassinat de Laëtitia, un homme se présente à la police pour confesser son crime. On ne peut que croire en sa parole, si riche en détails, qu’il est impossible de croire à un canular.

Sa jalousie agit sur lui comme un pousse-au-crime. La demoiselle l’aurait éconduit. Porté par son déchirement et sa passion pour la belle, il se serait laissé porter par ses sentiments jusqu’au meurtre.

vendredi 22 avril 2016

Des disparitions mystérieusement inquiétantes

La France est chargée d’histoires en matière de colonialisme.

Je vais vous parler d’une en particulier qui a fait grand bruit à Paris, du XVIème au XVIIIème siècle, affaire qui provoqua énormément d’émeutes.

 La colonisation dans les Amériques a débuté dès le XVIème siècle.

Carte de l'Amérique du Nord au XVIIème siècle
 
A cette époque, la France tente de coloniser l’Amérique du Nord. Du golfe du Saint Laurent aux montagnes rocheuses, jusqu’au golfe du Mexique, notre pays rebaptise ces terres : la Nouvelle-France.

Parmi ces contrées : la Louisiane.

En 1682, au nom du Roi de France (Louis XIV), elle est déclarée Française par René-Robert Cavelier de la Salle (explorateur et voyageur).
Sa colonisation débutera en 1699. Le territoire est riche, détenant de grandes plaines à terres fertiles, en cultures de chanvres, d’indigo, de lin et de tabac. La Louisiane est également réputée pour son commerce de fourrures.

Mais il a fallu trouver des volontaires !

Enfin, pas si volontaires que ça...

La France, pays mouvementé par les évènements de la Révolution, est fragile.
On trouve dans les rues parisiennes beaucoup de vagabonds, de gens qui vivent dans la misère, qui volent, qui commettent des actes de violence dans l'unique but de survivre. On vient les trouver pour leur promettre un autre avenir. On leur promet l’exil dans de nouvelles terres où un futur meilleur peut se construire.

On assiste à des arrestations arbitraires de plus en plus fréquentes (la Compagnie des Indes avait promis une prime aux archets du guet qui feraient enfermer des pauvres gens en attendant leur départ forcé vers le Mississippi).

Arrestations

C’est l’effervescence dans Paris, des affrontements éclatent entre la population et les archers du guet.
Le roi promulgue ordonnance sur ordonnance et le Parlement nombre d’arrêtés pour limiter les abus.

En 1720, on raconte dans toutes les classes parisiennes qu’il y a de nouveau pléthore de disparitions mystérieuses dans la capitale.

On enlève maintenant surtout des enfants.
Malgré les recherches et les plaintes faites à la police, nombre de disparitions d’enfants restent inexpliquées.

Ces nouvelles terres sont « vendues » comme le nouvel Eldorado. Du fait qu'il y a, en plus, énormément de disparitions, cela attire l’attention de la population et des ministres, qui commencent à mettre en relation ces deux sujets.

Le souvenir douloureux des crimes de La Voisin est encore présent dans la mémoire collective qui imagine le pire.
Certains parlent de magie, se laissent à penser que ces disparitions ont un lien avec les messes noires de l’Abbé Guibourg ou imaginent que ce sont les rois qui enlèvent les enfants pour se baigner joyeusement dans leur sang et ainsi se guérir de maladies plus ou moins honteuses.

Des assemblées se forment, le roi menace d’exil les artisans, les gens sans aveu, les domestiques s’ils continuent leurs regroupements.

Les 29 et 30 Avril 1770, une émeute éclate (en particulier rue du roi de Sicile), on prétend que même la maison du lieutenant de police (rue du Temple) est envahie par la foule en colère.

Le peuple est certain qu'il connait enfin la vérité, ils enlèvent les enfants, les adultes de Paris et de banlieue, dans le but de les emporter et de coloniser la Louisiane…

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La Louisiane au XVIIIème siècle


jeudi 21 avril 2016

Les toilettes publiques, ces machines de guerre

Quand on voyage, on respecte toujours quelques bases. On essaie d’apprendre à savoir dire : « Bonjour », « Au revoir », « Merci », « Excusez-moi », « Désolé, je ne parle pas…., parlez-vous… ? », « Au secours ».

Mais on oublie souvent de savoir dire une chose aussi importante, qui fait que si on ne connaît pas la traduction, les évènements peuvent très vite tourner à la catastrophe….

A Paris, comme dans les grandes villes, il y a toujours quelque chose d’ouvert. Mais, imaginez-vous demander un service à un parisien…. Des fois le parisien peut être sympa mais cette chose là, croyez-moi, si vous tombez sur un « rabougris », vous n’êtes pas prêts de la solutionner.

Ou pire !
Imaginez que TOUT est fermé, c’est la nuit, les rues sont désertes, pas de taxi, pas de transport en commun, pas de vélib’ (vélos parisiens), pas d’autolib’ (voitures électriques parisiennes) non plus et vous êtes au milieu de nulle part…. vous avez passé une « super soirée », fait de belles rencontres, mangé un « bon resto », dégusté une bonne bouteille (d’eau bien sûr) et … vous vous retrouvez avec une belle envie d’aller aux toilettes…


Mais que fait-on dans ces cas là ? Pipi sur l’avenue ? entre deux voitures ? dans une poubelle ?
On s’abstient vite quand on sait qu’on peut se faire amender de la modique somme de 450€ (maximum) pour avoir voulu éviter de se faire pipi dessus….

Mais il existe les toilettes publiques ! Bien sûr, ils sont fermés la nuit….

Un peu d’histoire.

Au Moyen-Âge, les toilettes s’appelaient des latrines. A Paris, on déféquait directement dans les rues, au beau milieu des ordures.

La chaise percée est arrivée chez les nobles au XVIème siècle.
Il y eut ensuite le pot de chambre pour les classes aisées qui fut interdit à Paris car il était interdit de décharger de l’eau ou toute autre substance dans les canaux des rues jusqu’au milieu du XIXème siècle.

Exemple de chaise percée

Ces conditions qui nous paraissent si peu hygiéniques conduisent à la création de la chasse d’eau (XVIème siècle) et des égouts (XIXème siècle).

En Août et Septembre 1880, Paris connaît la « Grande Puanteur » de la Seine. Suite à cet immonde évènement, Pasteur lance ses travaux sur les microbes qui permettent l’évolution du traitement des déchets en faisant établir la loi du tout à l’égout.

Les toilettes publiques au départ sont individuelles et collectives et également mixtes !
Pour les hommes, il existe des urinoirs individuels et des bassins/cuvettes à usage collectif.

A Paris, ces urinoirs portaient le nom de Vespasiennes. Il en existe encore une dernière, la seule survivante de Paris, située boulevard Arago, le long du mur de la Prison de la Santé.
Elles firent leur apparition en 1834 sous la volonté du Préfet de Seine Rambuteau. Les gens commencèrent à les appeler les colonne Rambuteau. Ne plaisant pas au Préfet, il les renomma vespasiennes en souvenir de l’Empereur Vespasien qui détenait l’établissement d’urinoirs publics de Rome.

Dernière vespasienne de Paris, boulevard Arago

La fin de la gratuité des toilettes publiques fut votée le 28 Janvier 1980 par le Conseil de Paris. Elle fut rétablie en 2006 même si certains sont payants (n’oubliez pas la « Dame Pipi » !).

Je me souviens même, pendant deux jours de suite avoir décelé de l'étonnement chez les touristes étrangers quand il s'agit de patienter autour de toilettes publics parisiens.
 
C'est vrai. J'en ai vu certains s'amuser de "l'autowash" (lavage automatique) de nos lieux d'aisance publics, les transformant en véritable machine de guerre. Observez, vous verrez !

mercredi 20 avril 2016

Tut tut l'Omnibus !

Difficile de parler de Paris sans parler de ses transports…

Aujourd’hui, il s’agit du premier gros réseau de transport en commun : l’omnibus.

Une première expérience est menée grâce à Blaise Pascal en 1662 avec des carrosses (environ 3 voitures de 8 places par véhicule). L’idée peut-être encore trop avant-gardiste pour fonctionner fait réagir le Parlement de Paris qui en interdit la hausse des tarifs et l’accès aux « gens de bras » (les soldats).
L’échec est cuisant en à peine 15 ans.

Les premiers omnibus apparaissent à Paris en 1828. Ils connaissent un grand succès dès leur mise en service.

Omnibus à cheval

Avec leurs dix lignes régulières, ils transportent deux millions et demi de voyageurs en à peine 6 mois ! (Paris compte entre 550 000 et 1 million d’habitants)

A partir de 1830, les compagnies se multiplient.
Il y a maintenant dix compagnies qui assurent une quarantaine de lignes pour une centaine de voitures.
Les noms sont choisis soigneusement tels que Favorites, Excellentes, Hirondelles Parisiennes, Citadines, …

Cependant, le Préfet de Seine met fin au développement du réseau devant la Commission Municipale.
La Compagnie Générale des Omnibus obtient le monopôle du réseau par décret impérial le 22 Février 1855.

La Compagnie dessert Paris, Vincennes et Courbevoie pendant 30 ans.

Plan des Omnibus et tramways

La création du Métropolitain pour l’Exposition Universelle de 1900 et le développement des lignes de tramway amèneront inévitablement l’Omnibus à disparaître de la Circulation.

mardi 19 avril 2016

L'allumeur de réverbère

C’était l’homme « brillant » de la nuit. Grâce à lui, même si vous rentriez tard, vous étiez capable de retrouver votre chemin et rentrer chez vous (ou ailleurs).


Avant le XIVème siècle, il était plus difficile de circuler la nuit tombée.

Il faut savoir que l’éclairage public fut décidé en 1318 sur Ordonnance Royale par le Roi de France Philippe V le Long.

Avant cet ordre, il n’existait que deux éclairages dans Paris : sur la Tour de Nesle et au cimetière des Innocents.

Autant dire qu’il y eu une modification conséquente des habitudes déplacement et des heures de promenades ont pu évoluer avec cette décision qui était de mettre en place un dispositif permettant de circuler ENFIN dans les rues, les routes, les chemins de Paris durant la nuit.

En 1667, Paris met en place un système d’éclairage nouveau. On installe aux extrêmités et au centre de chaque rue des lanternes à chandelles (on y trouvait l’inscription « Urbis securitas et nitor » soit sûreté et netteté de la ville).

A Paris, le réverbère s’installe dans les rues dès 1766. Il remplace les lanternes à chandelle, offrant un meilleur éclairage.

Au début, ce sont les habitants qui s’occupent de l’éclairage, désignés pour un an avec des heures précise à bien respecter.
Les habitudes et les besoins changeants (et avec la multiplication des lampadaires), on vit apparaître, durant la Révolution Industrielle, le métier de falotier (autrement dit allumeur de réverbère).

Falotier en action

 Mais les allumeurs ont un métier compliqué, malgré que certains lui confèrent une fonction primordiale comme Emile de la Bédollière :

« Gardez-vous d'assimiler l'Allumeur aux parias des autres administrations, au pauvre Cureur d’égouts, au Balayeur, plus misérable encore ! L'Allumeur, outre sa paie, reçoit de bonnes étrennes des propriétaires dont l'administration se charge d'éclairer les maisons ; et, s'il est frugal, s'il possède une femme laborieuse, il peut éluder l'hôpital, cette antichambre de la tombe pour la majorité des vieux ouvriers ».

Photographie : Helder Vinagre
 
Malgré tout, les falotiers sont soumis à de rudes conditions de travail : intempéries, horaires….
Il commence le matin par éteindre les réverbères puis se rend à son bureau à une heure stricte : 6h.

Il se doit d’être ponctuel. Ils sont nombreux à exercer, aussi, en période de remplacement, ils acceptent de modiques sommes.
 Il se doit également de s’occuper de l’entretien des réverbères (plaques, chapiteaux, porte-mèches) puis peut rentrer chez lui.

Oui, l’allumeur travaille en « coupure ». Le soir venu, il est tenu d’éclairer les rues (imaginez la pénibilité d’une telle tâche par temps de pluie, de vents, de neige). Il travaille chaque nuit en effectuant toujours les mêmes rondes.

Avec l’évolution industrielle et l’arrivée de l’électricité, la profession s’éteindra progressivement vers 1842 à Paris.

Une dernière chose.

Connaissez-vous l’effet réverbère ?

Photographe : Helder Vinagre

Si, je suis sûre que vous le connaissez, peut-être même pratiqué un jour…
Imaginez un ivrogne qui tente de rentrer chez lui mais qui fait tomber ses clefs par terre. Il ira les chercher sous le lampadaire, l’endroit le plus éclairé même s’il sait que ses clefs sont dans la pénombre, hors du halo de lumière…. Ajoutant un peu plus à la confusion.