On entend souvent dire : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. »
Je crois surtout que ceux qui emploient cette citation n’aiment pas vraiment la culture ou, peut-être, ont-ils déjà malmené les premiers de leurs classes ?
Je préfère me dire que la culture, c’est comme la confiture, plus on en a, plus on a envie de l’étaler sur un morceau de pain, partager sa tartine et en manger encore et toujours... @Paris
Nous sommes au Carrefour Curie, le long de la Seine.
Ici se croisent le quai de Conti, la très ancienne rue de
Nevers et la rue Dauphine.
point bleu : la future Samaritaine (Rive Droite)
point vert : le futur Carrefour Curie (Rive Gauche)
A notre droite, le Pont-Neuf qui enjambe la Seine (le plus vieux pont de
Paris sans habitation) et la Samaritaine (sur la Rive Droite de la Seine) construite
en 1930 par Henri Sauvage.
Première Samaritaine
Il faut savoir que la Municipalité de Paris rachète tous les
immeubles à l’entrée du Pont-Neuf, sur la Rive Gauche, entre 1922 et 1928. Elle souhaite démolir les bâtiments existants dans le but d’en reconstruire de nouveaux et d’aménager une nouvelle place : le futur Carrefour Curie.
Se situent à notre gauche des immeubles remarquables, creusés en leur centre par
un porche donnant accès à la rue de Nevers, une des rues les plus étroites de
Paris qui mène à une impasse (au bout de cette rue, un des derniers vestiges de
l’enceinte de Philippe Auguste).
Ces immeubles du carrefour Curie furent construits entre
1930 et 1932 par l’architecte Joseph Marrast et les sculptures réalisées par
Carlo Sarrabezolles après le rachat du terrain par la Société Immobilière
Dauphine.
Les deux hommes souhaitaient édifier un ensemble rappelant l’architecture
du début du XVIIème siècle présente sur la place Dauphine, fait de
mur en brique et en pierre, de toits couverts de tuiles, de hautes fenêtres
surmontées de frontons étroits.
C’est l’immeuble parisien par excellence. L’architecte
désirait respecter l’ordre strict qui avait été établi autrefois : un
entresol assez bas et des étages très en hauteur.
Mon œil a tout de suite été attiré par le fronton central de
ces immeubles.
La femme dénudée détient une rame, elle représente la Seine (on
aurait pu s’imaginer Sainte Geneviève, la sainte patronne de Paris).
L'allégorie est
entourée de quatre centaures, tous dominants la Seine représentée également par les flots.
De gauche à droite, le
premier porte la cathédrale Notre-Dame de Paris, le suivant une torche, le troisième
détient un caducée dans sa main droite et une corne dans sa main gauche, enfin,
le dernier porte un navire, l'emblème de Paris.
C’est la représentation de « La Gloire de Paris »
aussi appelée « La Gloire de la Seine ».
L’affaire se passe au début du XIXème siècle dans
un des cabarets les plus anciens de France : Le Lapin Agile.
Frédéric Gérard, dit Frédé, en est le propriétaire. Il est
le moteur de sa grande réussite.
En instaurant une direction plus artistique, il en fait un
lieu à la mode, un repère d’artistes et d’intellectuels. On y compte parmi les
clients fidèles Picasso, Modigliani, Caran d’Ache, Roland Dorgelès, Apollinaire,
…
Le père Frédé anime ses soirées. Il chante et fait chanter
les uns et déclamer les autres.
Accompagné de sa guitare et de son violoncelle, toute la
bohème Montmartroise s’y retrouve le soir, dans la bonne humeur.
On assiste à des discussions autour des thèmes artistiques
mettant la clientèle en effervescence.
C’est une époque où l’on refuse les nouvelles peintures dans
le milieu très fermé de l’art. En effet, toute peinture n’ayant pas été
réalisée en suivant les critères académiques n’est pas considérée comme une œuvre
d’art.
On refuse donc à certains artistes d’exposer leurs toiles
voire même l’entrée dans les salons.
Je vous énonçais tout à l’heure Roland Dorgelès.
Au début du siècle dernier, il travaille en tant que
journaliste pour la revue Satirique le Fantasio. Il aime dénoncer les
débordements du marché de l’art et ses tarifs excessifs par rapport à la
qualité des œuvres. Pour lui, la peinture abstraite n’est autre qu’un
gribouillage d’un enfant en bas âge que l’on vend à un prix trop élevé qui n’est
pas justifié.
Durant l’hiver 1910, il décide de monter une école qui leur
permettrait, à lui et ses deux amis (son directeur de rédaction et le critique
André Warnod), de trouver des critiques d’art et des nouveaux artistes pour les
ridiculiser.
Il grimpe donc la butte jusqu’au Lapin Agile pour trouver un
complice dans cette affaire. Ce n’est pas à un artiste peintre qu’il demande de
l’aide mais à Frédé… qui accepte bien sûr, il devient l’imposteur.
Il fait alors, soi-disant appel à un peintre J.R Boronali.
Ils s’associent dans la réalisation d’une toile : Le Coucher de Soleil sur
l’Adriatique ».
La toile est exposée au Salon des Indépendants. C’est un
succès, la toile est vendue 400 francs !
On souhaite trouver l’artiste afin de le féliciter pour son
chef d’œuvre… En définitif, Frédé leur annonce que cette œuvre d’art n’est
autre qu’une croûte faite par lui-même et la queue de son âne, Lolo.
Par ce geste, les compères souhaitaient tourner en dérision
les nouvelles idées de l’école futuriste qui était défendue par de grands
peintres (leur renommée a été tardive voir posthume) comme Picasso.
Nous sommes le 3 Janvier 1857 et un évènement dramatique
vient d’avoir lieu.
Un ancien prêtre a poignardé un évêque dans l’Eglise
Sainte-Etienne-du-Mont.
L’ancien prêtre n’est autre que Jean-Louis Verger et l’archevêque
Monseigneur Marie Dominique Auguste Sibour.
Marie Dominique Auguste Sibour
La raison qui le poussa au meurtre provient d’une profonde divergence
d’opinion entre ces deux hommes d’église sur le sujet de l’Immaculée Conception.
Ils avaient pour habitude d’être en désaccord
quasi-permanent du fait que Jean-Louis Verger ne croyait pas en l’Immaculée
Conception. Il avait d’ailleurs confié à son père, dans une lettre, une
douzaine de jours avant son crime : « J'ai
prêché un Dimanche contre cette nouvelle invention : mon évêque pour la
cinquième fois m'a condamné à mort. ».
Dans la suite de sa lettre, il écrivit que l’archevêque lui
avait accordé le droit de se délier de ses obligations de prêtre.
Jean-Louis Verger était connu pour être un peu dérangé. Il
avait d’ailleurs été sanctionné par l’église pour ses idées associées à un
retour au paganisme et par la justice pour de nombreux vols.
Le jour de son assassinat, Jean-Louis aurait attendu la fin
de la cérémonie pour poignarder l’évêque en criant « A bas la déesse ! ».
Eglise Saint-Etienne-du-Mont Paris 1912
(l'église a toujours le même aspect)
L’Archevêque était visiblement assez proche de Napoléon III.
Ce dernier l’avait nommé sénateur un an auparavant et l’évêque avait célébré le
mariage de l’Empereur en 1853.
Napoléon, en
apprenant la nouvelle, annula toutes ses activités y compris la fête qui était
prévue le lendemain aux Tuileries.
L’ancien prêtre fut condamné à mort sur l’échafaud et décéda
le 30 Janvier 1857, jour de son exécution devant la prison de la Roquette.
L’archevêque lui, fut inhumé à la Cathédrale Notre-Dame de
Paris.
Nous sommes sur la place du Colonel Fabien dans l’actuel XIXème
arrondissement.
A la frontière de l’ancien village de Belleville encore en
dehors de Paris, la zone est habitée essentiellement par de pauvres gens vivant
dans la misère.
Autour de la place, dans les rues d’Allemagne (actuelle
avenue Jean-Jaurès), de Flandre et de Reberel, on recueille les indigents. Les
environs sont sales et des odeurs nauséabondes émanent des différents lieux de
décharges d’ordures improvisés par les habitants et du Gibet de Montfaucon où
sont pendus des corps d’anciens condamnés à mort en voie de putréfaction.
Nous sommes à la frontière de Paris, proche de la barrière
du Combat (ou barrière Saint-Louis), une des portes du Mur des Fermiers
Généraux.
Dès 1778, la place prend le nom de Place du Combat.
La raison est simple : sur la place, un forain dispose
une arène et des barrières de bois qui entourent la piste, ce qui permet aux
spectateurs d’être protégés.
Protégés, il le fallait car ce forain eu une idée plutôt
macabre… proposer des spectacles mettant en scène des animaux domestiques
contre des animaux sauvages.
Les combats opposaient des chiens ou des meutes de chiens,
des coqs, des ânes, des cochons, des mulets, à des taureaux, des vieux chevaux,
des sangliers et même des ours !
Les parisiens, dit-on, en étaient friands.
Cependant, ces spectacles violents et douteux n’étaient pas
du goût de tout le monde (on peut d’ailleurs se dire qu’une telle chose est
impensable et que cette société ne faisait pas preuve de beaucoup d’éthique).
Le 9 Juin 1792, le Procureur Général du département
s’indigne devant de telles atrocités. Il adresse une lettre au Directoire du
district de Saint-Denis :
« On vient de me
dénoncer, messieurs, un spectacle déchirant qui se donne à Belleville certains
jours de l’année, et où l’on fait périr un taureau dans les tourments les plus
cruels. Je ne doute pas que la lecture de cette lettre, dont copie est
ci-jointe, ne vous détermine à prendre des mesures pour que ce spectacle n’ait
plus lieu. »
L’injonction est respectée mais sur une courte durée.
D’ailleurs, en 1819, le Conducteur des Etrangers à Paris (une
sorte de manuel touristique décrivant Paris et ses abords pour les étrangers)
signale ces combats en émettant clairement leur opposition à ses lecteurs.
Le Préfet de la Municipalité également défavorable à ces
combats, écrit, afin de « prendre des mesures pour que ce spectacle n’ait
plus lieu ».
Malheureusement, depuis le 1er Février 184O, le
Conseil de Belleville avait autorisé au bureau de bienfaisance de percevoir le
droit pour les pauvres appelé également le droit des indigents (impôt prélevé
sur les recettes des spectacles au profit de l’Assistance Publique), ce qui
implique que chaque spectateur payait une taxe qui serait reversée aux pauvres…
et on en avait besoin. De plus, ces combats étaient rentrés dans les mœurs, il
y avait très peu de moyens de divertissement et celui-ci en était un qui avait
beaucoup de succès.
C’est dans un tel contexte que les spectacles furent difficiles
à interdire.
Néanmoins, le 23 Mai 1853, on vota l’interdiction définitive
des spectacles de combats. On demande également le changement du nom de la
porte rappelant ce spectacle sinistre et sanguinaire perçut désormais comme
insoutenable puisqu’il n’est plus « dans nos mœurs ni dans les idées
actuelles de l’état social français ».
L’interdiction totale des combats se fera véritablement en
1883.
La place du Combat porta ce nom jusqu’en 1945 pour devenir,
comme actuellement, la Place du Colonel Fabien.
Sous l’Ancien Régime, les condamnés à mort subissaient de
graves, longs et douloureux châtiments.
Les exécutions s’effectuaient par décapitation (à la hache
ou à l’épée), pendaison, ébouillantage mais aussi au bûcher ou par l’écartèlement.
Par ces divers moyens, on appliquait la peine de mort en
exécutant les condamnés de manière complètement inégale. Par des moyens aussi
variés, certains mouraient rapidement pendant que d’autres se voyaient
prolonger la peine dans d’atroces souffrances jusqu’à ce qu’ils poussent leur
dernier souffle.
Joseph-Ignace Guillotin
Le Docteur Joseph-Ignace Guillotin décida de mettre au point
une machine permettant leur exécution de manière rapide et égalitaire face à la
peine capitale : l’exécution serait la même pour tous, la décapitation.
Il savait que la section de la moelle épinière entrainerait
une perte de connaissance instantanée et donc provoquerait la mort immédiate et
sans souffrance.
Le 28 Novembre 1789, Guillotin présente son projet :
fabriquer une machine destinée à décapiter les condamnés.
Il clame à l’Assemblée :
« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un
clin d’œil, et vous ne souffrez point. »
Il fait écrire une loi stipulant que « Les délits du
même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et
l’état du coupable ».
Un édit est proposé par Le Pelletier de Saint-Fargeau à l’Assemblée Constituante :
« Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » pendant que
Robespierre s’oppose à tout projet d’exécution désireux de faire abolir la
peine de mort.
Guillotin, finançant ce projet, fait appel au chirurgien
Antoine Louis (secrétaire perpétuel de l’Académie de Chirurgie) pour sa
création.
Sa conception est belle et bien française même si les deux
hommes s’inspirent de machines déjà existantes, utilisées à l’étranger (connues
en Angleterre depuis le XIIIème siècle ou encore en Italie).
C’est ainsi qu’Antoine Louis fabrique une première machine
que l’on surnomme La Louison ou Louisette.
Il place le tranchoir entre deux montants permettant un
trajet direct de la lame.
L’Assemblée demande au concepteur d’améliorer cette machine
à couper les têtes.
Antoine Louis s’entoure d’un mécanicien allemand, Tobias
Schmidt qui l’aide à modifier la Louison.
Les deux hommes prennent également conseil auprès de Sanson
(le bourreau de la Cour) accompagné d’un inconnu (qui n’est autre que Louis
XVI).
C’est le roi lui-même qui leur donna de précieux conseils et
redessina la lame. Evènement tragique quand on sait qu’il sera exécuté par ce
même bourreau et ce même couperet…
Représentation de la tête de Louis XVI entre les mains de son bourreau
lors de son exécution le 21 Janvier 1793
Ils transforment donc la lame initialement en forme de
croissant, en forme de trapèze.
Il est décidé de changer l’axe du couperet, d’horizontal il
passe à la verticale (on coupe beaucoup plus vite une tête avec ce nouvel axe).
Le roi leur conseille également d’effectuer des tests.
Pour ce faire, ils choisissent de tester ces procédés sur de
malheureux moutons en plein Passage du Commerce Saint-André-des-Arts (au numéro 9) …
La guillotine dont on se servait pour effectuer les test se situait par ici
Numéro 9 du Passage du Commerce Saint-André-des-Arts
Lors du test à l’horizontal, deux des trois têtes tombent.
Lors du test à la verticale, les trois têtes sont tranchées.
Afin d’être tout à fait sûrs, ils essaient également sur
trois cadavres.
Les « résultats » sont en faveur du couperet
vertical. C’est ce dispositif qui est choisi.
Mais alors pourquoi guillotine ?
Elle tient son nom des journalistes parlementaires qui,
mécontents de se voir exiger une meilleure conduite de la part du docteur,
attribuent son nom guillotine à cette machine du diable.
Une idée qui déplait bien sûr fortement à l’intéressé mais
qui ne réussira jamais à en faire changer l’appellation.
Elle porta pourtant d’autres surnoms : le « rasoir
national », la « Veuve » ou encore « la bascule à Charlot
(en référence au bourreau Sanson qui s’appelait Charles-Henri, qui exécuta
nombre de personnes et personnalités dont Louis XVI et Marie-Antoinette).
Exemple d'une scène d'exécution (prise à une période plus récente, les badauds s'y attardaient)
Le premier à avoir été décapité fut le voleur
Nicolas-Jacques Pelletier le 25 Avril 1792.
Le plus surprenant ?
Le docteur Guillotin n’assistera jamais aux décapitations
faites par la machine qu’il avait pourtant financé.
Il fut un temps où il n’était pas bon d’être une femme d’un
certain âge.
Fin des années 1980, à Paris, la psychose s’installe…
La raison ?
Un certain Thierry Paulin que l’on surnommait « Le
tueur de vieilles dames » ou encore « Le monstre de Montmartre ».
Né en Martinique, sa mère n’a que 17 ans. Son père lui, le
reconnait mais prend la fuite deux jours après sa naissance.
Sa maman ne pouvant l’assumer seule, le confie à sa
belle-mère qui tente de s’en occuper tant bien que mal. Celle-ci n’a que très
peu de temps à lui accorder car elle tient un restaurant qu’il faut continuer à
faire fonctionner.
Seulement voilà, le petit Thierry est solitaire et se sent
bien seul.
Sa mère ayant reconstruit sa vie, l’accueille à ses dix ans
dans sa nouvelle famille. Il est à présent entouré de ses demi-sœurs et de son
beau-père.
C’est un petit garçon qui a manqué d’amour et d’autorité, et
il compte bien le faire savoir…
A l’école, on dit de lui que c’est un petit garçon turbulent
et violent. Un jour, il menace même son professeur avec un couteau de cuisine.
Il aura l’intelligence de récupérer la lettre avant sa mère afin que celle-ci
ne soit pas au courant. En guise de réponse, il tape une lettre sur une machine
à écrire et imite sa signature.
Petit à petit, les rapports avec son beau-père se dégradent
et décide de retrouver son père sur l’hexagone, dans la ville de Toulouse grâce
à sa mère qui en a retrouvé la trace.
Son père lui propose de lui apprendre son métier de maçon ou
de plombier.
Là-bas, il rencontre des difficultés et se greffe à un
groupe de jeunes agités. Ils se bagarrent souvent, trainent dans les bars, les
discothèques….
De ce fait, la relation avec son père devient également de
plus en plus compliquée.
Il décide de débuter son service militaire en 1980 mais est
rejeté par les autres militaires pour son homosexualité.
Et c’est là que tout commence vraiment.
Le 14 Novembre 1982, en permission, il cambriole une
épicerie qu’il avait l’habitude de fréquenter à Toulouse.
L’épicière ? Une femme âgée de 75 ans (qui le reconnait
dès son arrivée) qu’il menace avec un couteau de boucher.
Il est interné en prison pendant une semaine et encourt une
peine de deux ans de prison avec sursis pour « vol avec violence ».
Sa mère ayant gagné la métropole entre temps, s’est
installée à Nanterre. Il la rejoint, ce qui lui permet de sortir dans la
capitale. Il se familiarise rapidement avec les milieux homosexuels de Paris et
se fait embaucher au Paradis Latin en tant que serveur. Il aime raconter qu’il
est chef de rang et qu’il participe lui-même aux spectacles du cabaret (où il
dansait parfois travesti, qui se révèle être un choc pour sa mère).
Au Paradis Latin il y est bien. On l’accepte enfin tel qu’il
est : athlétique, habillé à la dernière mode, diamant à l’oreille et coupe
à la Carl Lewis.
Il y rencontre son amant Jean-Thierry Mathurin et rêvent
ensemble d’ouvrir un cabaret.
Il vit la nuit, dort, traine ou invite des amis chez lui le
jour chez sa maman… jusqu’à ce qu’il la menace de mort avec un couteau parce qu’il
s’est vu refusé sa signature sur un chèque destiné à lui payer des opérations
de chirurgie esthétique. Elle prévient alors la police.
Il se retrouve à la rue en Avril 1984 et se loge chez des
amis ou des rencontres.
Il finit par s’installer avec Jean-Thierry dans un hôtel du IXème
arrondissement (non loin du XVIIIème).
Ils deviennent des figures emblématiques du milieu gay de
Paris. Ils font la fête et flambent en soirée.
Les deux hommes eurent une violente dispute en plein milieu
d’un restaurant. Thierry, faisant une crise de jalousie, fait pas mal de casse
et menace son amour de lui faire la peau.
Afin de rembourser le restaurant, il choisit l’escroquerie :
il vole des chéquiers ou des cartes bancaires et devient dealer.
On le retrouve désormais dans les quartiers les plus noirs
du XVIIIème connus pour la prostitution, la vente de drogues et se
fraye un chemin dans ce milieu trouble et violent.
Il entraine alors son compagnon dans une série de vols, d’attaques
et de meurtre.
Jean-Thierry fut jugé en 1991 et sera reconnu par la suite
sur 9 meurtres et condamné à la prison à perpétuité (il fut relâché en 2009).
Mais désormais Thierry agit seul.
En 1985 et 1986, il assassine de vieilles dames dans les Vème,
XIème, XIIème et XIVème arrondissements.
En 1987, il choisit le Xème arrondissement.
Ce sont toujours les mêmes profils : des femmes âgées,
isolées et vivant à Paris. Il repère ses victimes dans les marchés, dans la rue
qu’il suit jusqu’à leur domicile. Un vent de panique souffle sur Paris…
Thierry toujours en fuite est difficile à identifier comme
le coupable. Rappelons qu’à l’époque il n’existait pas le même système d’informations
qu’actuellement et qu’internet n’existait pas encore.
Malgré cela, à force d’indices, de regroupement d’informations
(les services de police utilisaient un système archaïque de reconnaissance d’empreintes
digitales encore peu au point) ils finirent par trouver son identité.
Il en a fallu de la chance !
Il fut arrêté suite à une rixe dans une revente de drogue
qui a mal tourné à Alfortville. Il fut condamné à 16 mois de prison pour « vol
avec violence » et « infraction sur les stupéfiants » à la
prison de Fresnes.
La comparaison des empreintes se faisait fiche par fiche et
le dossier en contenait plus de 150 000 ; de plus, les dossiers n’étaient
recoupés que pour les suspects ayant un casier judiciaires à Paris.
Il est relâché 12 mois plus tard, temps pendant lequel il n’y
eu bien sûr aucun crime de femmes âgées.
Il tente de reprendre sa vie d’oiseau de nuit et devient DJ
pour gagner sa vie. C’est à ce moment-là qu’il s’attaque aux personnes du Xème
arrondissement, ce qui permet à la police de se mettre sur la piste du jeune
homme âgé alors de 24 ans.
Une des victimes rescapée, Madame Finaltérie en fait une parfaite
description permettant d’établir un portrait-robot.
Le 1er Décembre 1987, le commissaire Jacob, en pleine
discussion avec des commerçants du quartier (le Xème) croit
reconnaître Thierry et lui impose un contrôle d’identité. C’était lui. La carte
d’identité ayant une photographie lui correspondant peu, le policier l’emmène
au commissariat pour simple vérification d’identité sans que celui-ci ne s’y oppose.
On en profite pour vérifier ses empreintes digitales, corrélant
parfaitement avec les empreintes retrouvées sur les différents lieux de crimes.
Piégé, il raconte en détail, d’une froideur impitoyable, le
déroulement de ses assassinats.
Il est incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis et
maintenu à l’écart des détenus qui n’étaient plus en sécurité avec lui.
Atteint du Sida, il tombe gravement malade et meurt le 16
Avril 1989 des suites de cette maladie à l’Hôpital des prisons de Fresnes avant
même d’avoir pu être jugé (date prévue : le 16 Avril 1989)…
Dans les années 1960, un projet (lancé en 1929) est sur le
point d’aboutir.
La ville s’étendant et la population migrant « hors les
murs », il a fallu trouver le moyen de transporter massivement ces
habitants venant travailler au cœur de la capitale. Afin de permettre aux
personnes vivant dans les banlieues parisiennes, le projet d’aménager un trajet
continu des lignes existantes se fait vite attendre.
Je vais prendre l’exemple de notre cher RER A qui, au départ,
s’arrêtait aux portes de Paris sans trajet direct jusqu’au centre. Il fallait
auparavant s’arrêter à l’ancienne gare de Bastille pour ceux venant de l’Est et
à la gare de Saint Lazare pour ceux venant de l’Ouest.
Agrandir la photo pour voir l'historique du tracé Est-Ouest
On souhaitait réunir ces deux lignes en un seul axe
Est-Ouest afin de desservir les principaux grands pôles économiques se
confondant sur l’axe historique de Paris :
Lors de la création
de cet axe unique d’Est en Ouest passant par la Capitale, le Réseau Express
Régional/RER portait alors le nom de Métro Express Régional/MER (concept qui
aurait certainement été plus facile à comprendre pour nos touristes).
Seulement, je n’ai qu’un mot à vous dire : MERDE !
Excusez-moi pour cet excès de vulgarité, vous savez que ce n’est
pas mon habitude mais je réitère : M.E.R.D.E (avouez que cela fait du
bien).
M.E.R.D.E aurait dut être le nom de la ligne A du RER lors de
son premier aménagement entre Etoile et La Défense.
Rappelons qu’à l’origine le RER n’est encore que le MER.
A sa mise en service le 19 Janvier 1970, le premier tronçon construit
est celui de la Défense/Etoile.
Le nom de ce tronçon se doit d’être noté sur des panneaux
pour en informer les voyageurs.
On demanda à un peintre de se charger de l’inscription de
ces panneaux. Pour ce faire, il faudra écrire en majuscule et en gras les
initiales du nom de la ligne Métro Express Régional Défense Etoile donnant l’acronyme
M.E.R.D.E… ce qui est dérangeant.
Ce peintre soumis une nouvelle idée afin d’éviter cette
coïncidence on ne peut plus gênante : transformer la première lettre de
Métro en Réseau. L’idée fut acceptée bien sûr !
D’ailleurs, le britannique Stephen Clarke en a fait le titre
de son livre. Il s’est amusé à y raconter sa première année dans notre ville
que l’on préfère « lumière ».
P.S : c'est la ligne la plus fréquentée d'Europe :
Il était une fois une femme mariée qui avait une aventure
extra-conjugale.
Sous l’Occupation allemande pendant la Seconde Guerre
Mondiale, la femme d’un résistant entretenait une relation amoureuse avec un
officier nazi.
Nous pouvons penser que cette relation fut un moyen pour le
résistant d’accéder à des informations sur les opérations menées par les
troupes nazies.
Lors d’une rude nuit d’hiver, la femme donne rendez-vous à
minuit à son époux sur le Pont Marie.
Une rumeur explique que la femme est morte de froid sur le
pont, pendant qu’elle attendait son mari qui ne s’est jamais rendu au point de
rencontre convenu.
La légende raconte également que son fantôme hanterait le
pont. Le fantôme, en pleurs, se manifesterait dès la nuit tombée.
L’espoir de revoir son époux tant attendu serait la raison
pour laquelle son esprit resterait accroché à l’endroit, la condamnant à l’attendre
éternellement en sanglot…
En se promenant du côté de Châtelet-les-Halles on aperçoit
au loin, un bâtiment doté d’un dôme qui réfléchit la lumière, c’est
la Bourse de Commerce. A côté, une colonne un peu étrange, avec en son sommet
une forme sphérique et une antenne, c’est la Colonne de Médicis.
Nous savons qu’avant la Bourse de Commerce existait entre
autres choses, un hôtel, l’Hôtel de Soisson ayant appartenu à Jean II de
Nesles. Il fut offert, vendu, hérité… pour arriver jusqu’en 1498 à l’époque
de Louis, duc d’Orléans et de Touraine (c’est son frère de Charles VI qui lui en
fit cadeau). L’hôtel fut alors partagé en deux parties : d’un côté le
couvent des filles repenties et de l’autre une partie départagée encore en deux
pour des hôtels particuliers.
C’est en 1572, lorsque Catherine de Médicis décide de
déménager du Château des Tuileries, que celle-ci s’installe dans un nouvel
hôtel non loin de là, dans l’hôtel d’Albret que l’histoire de cette colonne
commence.
De tous les hôtels présents dans le quartier à cette époque,
peu ont subsisté à cause des aménagements des rues, jugées trop étroites quelques
siècles plus tard.
Il reste néanmoins cette colonne, le seul vestige restant de
l’hôtel construit par Catherine de Médicis en 1572. Haute de 31 mètres, elle
fut érigée par son astrologue Cosmo Ruggieri (qui exerçait une grande influence
sur la reine).
On peut y trouver une inscription latine sur sa base :
La base de la tour est un travail remarquable effectué par
John Hege Aedium en collaboration avec l’architecte Bullant édifié en l’an 1572
puis l’édifice a été détruit en 1749 pour le marché des céréales au profit de
ses citoyens, et le marché des bijoux et « Aediles » instauré au
printemps.
(Veuillez m’excuser pour cette traduction assez aléatoire. J’ai
tenté de traduire autant que j’ai pu avec mes connaissances, les traductions
proposées, mon dictionnaire et mes souvenirs.)
Catherine et Cosimo montaient régulièrement pour admirer et
étudier le ciel mais surtout pour réciter des incantations magiques et lire
leur avenir dans les astres.
A l’intérieur de la colonne se situe un escalier en
colimaçon de 147 marches menant à un cabinet supérieur, le cabinet de l’astrologue.
Les marches de cet escalier étaient autrefois composées de
verrières. Elles ont aujourd’hui disparues, seule reste la charpente métallique
de l’escalier.
On explique difficilement sa fonction précise, on sait juste
qu’à chaque angle du chapiteau de la tour sont indiqués les points cardinaux.
A partir de 1615, à la mort de Ruggieri, la tour fut laissée
à l’abandon, la laissant en ruines.
L’hôtel fut transformé en tripot où de nombreux joueurs se
retrouvaient pour s’adonner aux plaisirs du jeu comme celui du Pharaon ou du
Lansquenet avant d’être démoli en 1748.
En 1750, la ville de Paris devint l’heureuse propriétaire de
cette colonne sans fonction fondamentale pour installer une fontaine et un
cadran solaire.
Une légende raconte que durant les soirs d’orage on pourrait
apercevoir une silhouette noire (ressemblant à Ruggieri) sous la lumière des
éclairs au niveau de la structure de l’escalier…
Proche du Métro Voltaire, en direction du Père Lachaise,
vous arrivez à l’angle de la rue de la Roquette et de la Croix-Faubin.
Peut-être que vous n’aurez pas remarqué ce qui semble au
départ être un changement de signalisation, des démarcations sur le sol.
Pourtant, ce sont les dalles les plus célèbres de Paris.
Alors, une erreur, un oubli des services de la voierie de
Paris ?
Point du tout !
Nous sommes proches de l’ancienne prison de la Petite
Roquette, construite entre 1826 et 1830 qui eut vocation d’y enfermer des
femmes (démolie en 1974) en lieu et place de l’actuel jardin public du Square
de la Roquette.
Non loin de là se trouvait également la Grande Roquette, une
prison où l’on enfermait les condamnés à mort. Ils étaient guillotinés à l’angle
de la rue de la Roquette et de la Croix-Faubin.
Ces cinq dalles sont incrustées dans le sol pour rappeler
l’emplacement de cette guillotine, ce qui valut à la prison le surnom d’Abbaye
des Cinq-Pierres.
L’échafaud était calé par ces dalles. Elles permettaient de
pouvoir y installer le couteau qui serait maintenu dans l’axe pour y glisser
parfaitement jusqu’à la lunette. La guillotine n’était présente en permanence,
ce marquage offrait la possibilité de pouvoir installer rapidement le matériel
facilitant la mise en place et le bon déroulement des exécutions lors des
décapitations.
Les exécutions capitales avaient surtout lieu en pleine
nuit…
Le mur d’enceinte entourant Paris servait de fortification
pour protéger la ville des invasions. Le plus ancien tracé connu est le mur de
Philippe Auguste construit à partir de la fin du XIIème siècle.
Au XVème siècle sur ce mur d’enceinte, se situait
l’Hôtel d’Artois.
Le Duc de Bourgogne investit les lieux après avoir fait
assassiner Louis d’Orléans (23 Novembre 1407), le frère du roi. Ce crime eut
pour effet de provoquer une guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs.
Le Duc fit ériger une tour à son hôtel et s’y enferma, redoutant
la terrible vengeance des Armagnacs.
Cette tour de 23 mètres, rectangulaire et
fortifiée est le seul vestige encore présent.
Au sommet, on peut y voir un donjon. Celui-ci contenait deux
chambres de sûreté (la plus haute était pour le duc) séparés des étages
inférieurs par une zone déserte d’une dizaine de mètres de hauteur.
Cette zone
avait pour fonction de protéger les chambres de sûreté des incendies et des
assauts.
Au pied de la tour, on aperçoit sur le tympan de la porte d’entrée,
les armes de Jean-Sans-Peur :
un niveau avec un fil à plomb. Chaque niveau est composé de
rabot à chaque extrêmité (le rabot à une symbolique particulière, celle de
mettre à mal le gourdin, emblème de Louis d’Orléans).
Elle est dans une rue proche du métro Courcelles, mais pour cela,
il faut vouloir s’aventurer dans cette belle partie du VIIIème arrondissement.
Cette maison aux allures d’ambassade de Chine n’est en fait
que la maison du feu Monsieur Ching Tsai Loo.
Arrivé à l’âge de 22 ans à Paris pour y étudier, Mr Loo est
issu, on ne sait pas vraiment, certains parlent d’une bonne famille, tandis que
d’autres le rattachent à une famille modeste de tisseurs de soie. Il était
assez discret sur ses origines.
Il s’installe tout d’abord place de la Madeleine et se
spécialise dans le commerce d’antiquités orientales, où il travaille pour le
compte d’un patron chinois qui réinvestit les bénéfices dans ses activités
politiques en Chine.
Il est apprécié de la clientèle parisienne et ouvre en 1908
son propre magasin rue Taitbout. Il devient le meilleur dans son domaine, la
référence des collectionneurs et des conservateurs de musée du monde entier.
Faisant d’énormes bénéfices, il ouvre une succursale à Londres.
La guerre éclate, nous sommes en 1914. Afin de retourner en
Chine, il est contraint de passer par les Etats-Unis et découvre New York où il
ouvre également une succursale.
En 1922, il achète un hôtel particulier rue de Courcelles
qui devient vite trop étroit pour abriter la totalité de ses collections d’art
asiatique.
Il fait alors intervenir un architecte français, Fernand
Bloch, pour y construire l’habitation de ses rêves : une maison chinoise
en plein cœur de Paris. La Pagode fut terminée en 1925.
C’est aujourd’hui une galerie d’art qui porte son nom, la
Galerie CT Loo et Cie autrement appelée La Pagode ou The Pagoda Paris. Cette
galerie a aujourd’hui une renommée internationale.