Translate

mercredi 26 octobre 2016

Jeux de poings chez les montparnos. Quand Hemingway perd un ami et sa dignité

Au début du 19ème siècle, le quartier de Montparnasse connaît l'agitation des foules. C'est un quartier festif et plein de vie.
Après avoir investi la Butte Montmartre, la plupart des artistes (entre autres) se déplacèrent dans le quartier du Mont Parnasse.

Le district attire bien vite diverses personnalités venues parfois de pays lointains. Ils ont importées des mouvements ajoutant de la fraîcheur à ces deux quartiers tels que le charleston, le jazz,..

Montparnasse fait écho aux années d'or de Montmartre. Montparnasse devient le quartier culturel du moment, un lieu où fleurissent les idées créatrices, ce qui favorise son attractivité. De nombreux bars, cafés, bals, hôtels, restaurants en profitent pour s'installer.

Mais je vais m'intéresser de plus près à un bar plus ou moins caché, car il est quand même repérable dans sa rue qui se veut un peu plus discrète le long du Boulevard du Montparnasse, le dénommé Falstaff.


Hemingway, arrivé en France en 1918 pour fuir la guerre aux Etats-Unis, élit domicile à Paris après avoir gagné la France par Bordeaux. Il vit dans le 5ème arrondissement, tout près de Saint-Michel. En bon passionné de boxe, il s'aventure au Falstaff qui a installé un ring en son antre.

Un soir de Juillet 1929, il décide d'y affronter son collègue et ami, le journaliste Morley Callaghan.

L'arbitre ?

F. Scott Key Fitzgerald, un écrivain américain devenu lui aussi ami d'Hemingway.

Fitzgerald et Hemingway
Ce soir là, fin saoul, il est plus occupé à autres choses qu'à jouer l'arbitre. Il ne réussi pas à rester suffisamment vigilant pour suivre le match de boxe qui se déroule pourtant devant lui.
Le round devait durer 1 minute... mais Fitzgerald, dépassé par les événements, sonna l'arrêt du combat au bout de "seulement" 3,45 minutes.

Le pauvre Hemingway s'est fait violemment recevoir par Callaghan et plus longtemps que prévu ! Certains disent que son ami l'aurait mis K.O.

Il aurait même asséné de reproches le guerrier/combattant Callaghan :
"Si tu as envie de me voir dérouiller, dis-le carrément ! Et ne raconte pas que tu t'es trompé !"

Ce jour fut la fin de leur amitié et le début de la honte d'Hemingway pour sa "petite" performance en boxe.

mercredi 19 octobre 2016

Le crapaud parisien à l'honneur dans un marché

Ici, entre la Mosquée de Paris, le Jardin des Plantes et l'Hôpital de la Salpétrière avait lieu une fois par semaine un évènement spécial.

Ici, dans la rue Geoffroy-Saint-Hilaire, se tenait un curieux marché : le marché aux Crapauds.


Du printemps à l'automne, jusqu'à la fin du 19ème siècle, ce marché connu un franc succès bien au-delà des terres parisiennes.

Le crapaud est reconnu comme l'animal défensif par excellence pour tous ceux qui ont fait de la nature leur métier. Se nourrissant de petites bêtes comme les vers, les limaces ou encore les chenilles, les maraîchers avaient grand besoin des crapauds afin de protéger leurs salades, les pépiniéristes s'en servaient également pour protéger leurs cultures.

Sur ce marché on pouvait rencontrer des personnes aux disciplines bien différentes. Le crapaud n'intéressant pas que les les maraîchers et les jardiniers, on croisait également d'étranges personnages tels que des sorciers, des diseuses de bonne aventure...


Il faut dire que le crapaud parisien avait grande réputation. Réputé pour être un gros mangeur, sa taille était exceptionnelle. Afin de tirer bénéfice de l'animal, le choix était simple : se lever tôt et arpenter les quais de Seine pendant de longues heures en restant dans l'espoir d'en attraper où s'y rendre à l'aube de chaque mercredi.


La réputation du crapaud et du marché finirent par gagner des contrées lointaines jusqu'à attirer une clientèle britannique. Ceux-ci se rendaient à Paris pour faire affaire dans le but de devenir plus fortunés. Ils achetaient les crapauds, les ramenaient en Grande-Bretagne où ils les revendaient...

A tous nos amis britanniques avec qui on aime tant blaguer : "On mange peut-être des grenouilles mais on ne fait pas de trafic de crapauds !"

Pour ceux qui s'intéresse au batracien, voici la vertu qu'on lui accorderait également.

mercredi 12 octobre 2016

Un problème d'héritage ? Plus maintenant grâce à la plus petite maison de Paris.

Cette maison est si petite que vous aurez du mal à la considérer comme telle en passant devant.

Je vous présente la plus petite maison de Paris.


Haute de 5 mètres et large d'1,40 mètre (ou 1,20 mètre selon les sources), cette maisonnette a deux étages.
Mais ce n'est pas parce qu'elle est petite qu'elle n'a pas d'histoire à raconter !

Le lieu représente une solution surprenante à un conflit familial.

On dit qu'à l'origine il y avait un passage qui reliait la rue du Château-d'Eau (où donne la maison) et la rue du Faubourg Saint-Martin.

Lors d'une longue négociation sur les droits de succession, les héritiers n'ont su s'entendre sur le partage du passage. C'est alors que le propriétaire, ne pouvant régler le conflit faisant face à une voie sans-issue, décida d'ériger cette fine maison... ce qui força sans doute tout le monde à se mettre d'accord !


Au Rez-de-Chaussée se trouvait une échoppe (laissée à l'abandon quelques temps, aujourd'hui c'est une jeanerie), au premier et dernier étage une pièce.


Seulement, la batisse fut mal construite car, en plus d'être étroite, elle n'est pas bien profonde ! 3 mètres pour être exacte... sans parler de l'accès au premier étage... il faut passer par l'immeuble d'à côté, le n°41, pour pouvoir y accéder.


Du coup, une légende est née. On dit que la pièce à l'étage aurait servie de chambre pour bébé. Selon la légende, le berceau prenait tout l'espace. Preuve à l'appui, le quotidien Le Gaulois aurait même confirmé cette légende lors d'un article paru dans son numéro 5540 le 6 Janvier 1897.

La maison, trop petite pour être habitée, le rez-de-chaussée est en fait une petite boutique et le premier étage en est aujourd'hui sa réserve...


mercredi 5 octobre 2016

La fête des vendanges de Montmartre, un rappel à l'histoire de la Butte

Aujourd'hui s'ouvre l'un des festivals les plus attendus de la Butte Montmartre qui se clôturera dimanche.
Un festival de 5 jours... mais ça n'a pas toujours été le cas...

Il existe une tradition sur Montmartre qui se transmet au fil des années depuis 1934 : la fête des vendanges !


Sans doute savez-vous qu'à Paris existent une dizaine de lieux où sont plantés des pieds de vignes.
Hé oui ! Ceux-ci peuvent passer inaperçu et pourtant, ils existent bel et bien.
Les plus connues sont les vignes de Belleville, Bercy, Montmartre, Saint-Germain-des-Prés, dans le parc Georges Brassens ou encore dans la cave d'un bistrot de l'ancien village de Charonne.


L'histoire de Paris est grande, pourtant, au départ, notre capitale était si petite sur son île. Peu à peu, la ville s'est étendue sur la Rive Gauche de la Seine (au Sud) pour ensuite se développer sur la Rive Droite.

La ville, victime de multiples attaques et devant se protéger, on fit ériger des murs d'enceintes, des barrières, des remparts qui furent construits de plus en plus loin du centre de la ville, au fur et à mesure que Paris s'étendait... on peut presque dire que la dernière construite fut le périphérique, qui constitue une véritable barrière pour les habitants que l'on dit "intra-muros" voire même pour les touristes.

Avant d'en arriver jusqu'à aujourd'hui, il existe un homme qui changea considérablement le visage de la ville : Napoléon III.
Un peu comme aujourd'hui avec le projet du grand Paris, Napoléon souhaitait, au-delà de tous les aménagements, agrandir la capitale. Ainsi, en 1859, la loi d'annexion des faubourgs parait... les villages jusqu'alors extérieurs à la ville prennent le nom de Paris en 1860.

Il existe des taxes (établies, supprimées, remises en place) sur les différents produits entrant dans Paris (l'octroi) comme les céréales, le sucre, l'huile ou mieux encore le vin.

Le vin... il coûte cher au coeur de Paris !

C'est ainsi que nombre d'habitants se dirigèrent au-delà des limites pour venir boire du vin dans des guinguettes locales...


Ces vignes, comme quelques autres maintenant dans Paris, ne datent pas d'hier.
Mais je vais m'attarder sur l'histoire des vignes de Montmartre parce que c'est un des plus beaux quartiers de Paris (surtout en hiver ou très tôt le matin), que la meilleure vue de Paris se situe juste devant le Sacré Coeur et parce que j'y ai vécu aussi.

Le vignoble de la Butte Montmartre est le plus ancien de Paris.
944 est la date la plus ancienne que l'on ai retrouvé attestant de son existence.

C'est à partir du 12ème siècle que son histoire commence véritablement.

En France, c'est le clergé qui détenait les vignobles et ses membres profitaient des messes et diverses manifestations pour partager le vin avec les habitants.
Le vignoble de Montmartre appartenait aux abbesses bénédictines de Montmartre. Elles étaient au coeur des affaires concernant le vin, l'abbaye détenait l'unique pressoir de la Butte.

En 1576, on limita le nombre de buvettes dans Paris, c'est l'apparition de l'octroi.
Le vin s'arrêtait aux portes de Paris où de nombreuses guinguettes et cabarets s'installèrent. C'est donc hors les murs que les parisiens s'exilent régulièrement pour consommer le vin.

Au XVIIème siècle, à l'emplacement des vignes de Montmartre, se situait une guinguette champêtre très connue et fréquentée : "Le parc de la belle Gabrielle".

Lors de l'annexion des faubourgs en 1860, Montmartre est hâpée par Paris.
On investit l'espace du "nouveau Paris" afin d'y construire de nouveaux quartiers. La Butte n'était que maquis, vignes (aux 3/4), champs et lieux de vie désastreux...

Entre temps, ce qui est aujourd'hui le Clos Montmartre, devint un terrain vague, un asile pour clochards ou encore un espace de jeux pour les enfants qui traînaient ici et là... le dessinateur Francisque Poulbot l'aménagea en un square : le square de la Liberté.


En 1920, sous l'impulsion du dessinateur, la République de Montmartre fut créée. Son 1er maire fut Jules Dépaquit, un illustrateur français.

Petit à petit, l'espace naturel fut détruit au profit des constructions. Les vignobles rapetissaient peu à peu jusqu'à leur disparition complète en 1928.

Afin de freiner la construction et de conserver quelques lopins de terre sur la Butte, on replanta, en 1933, 2000 pieds de vignes des cépages Gamay et Pinot noir (provenant du domaine Thoméry près de Fontainebleau).

Le Clos Montmartre est créé pour l'occasion (il est aujourd'hui la propriété de la Ville de Paris).


En 1934, la tradition fut instaurée. Dès lors, le premier samedi du mois d'Octobre fut choisi pour célébrer les vendanges de Montmartre. Cette fête fut créée dans le but de récupérer de l'argent afin d'oeuvrer pour de meilleures conditions de vie des enfants et des personnes âgées de Montmartre.
Ils pouvaient ainsi développer les actions sociales.
Ils ?
L'association le Comité des fêtes et d'actions sociales (le COFAS) fut fondée en 1934.

Tous les ans on assistait au même cérémonial :
Les représentant de la République de Montmartre ouvraient la fête par un défilé en compagnie des "P'tits Poulbots" suivis de près par tout un tas de confréries du vin, folkloriques au possible et les représentants de diverses régions de France et de l'étranger.
Le défilé se finissait toujours aux pieds des vignes du Clos.
On assistait ensuite au ban des vendanges par les confréries, une cérémonie rituelle qui se déroulait à l'intérieur du vignoble.
Le soir approchant, les bouteilles placées dans des coffrets étaient vendues aux enchères, accompagnées d'une oeuvre d'art.
La fête battait son plein et la journée se finissait par un bal organisé spécialement pour cette occasion.

En 1983, Maurice de His président de la République de Montmartre souhaitait rendre officielles les vignes de Montmartre. Pour ce faire, il fonde la Commanderie du Clos de Montmartre, une sorte de confrérie.
Comme toute confrérie, il fallut trouver une manière de se vêtir, rappelant à la fois l'histoire de Montmartre, sans oublier de mentionner l'appartenance des vignes à la Ville de Paris...
Chaque membre porta donc une robe aux couleurs de la capitale (bleu et rouge) et une énorme médaille de couleur or et nominative sur laquelle figure la nef de Paris et le symbole de la confrérie (une palette et des pinceaux, une grappe de raisin et un moulin), ce qui se pratiques encore aujourd'hui.

Depuis 1999, la fête ne fait qu'évoluer.
Les vendanges sont désormais célébrées sur 5 jours incluant le deuxième week-end d'Octobre et s'étendant de la Butte à tout le 18ème arrondissement (depuis 2007).

A l'heure actuelle, des expositions, des ateliers, des visites, des activités culturelles diverses et un feu d'artifice (pour clôturer la fête) sont organisés.

Cette année, le feu d'artifice est annulé pour des raisons de sécurité... cela vous permettra de revenir l'année prochaine !


Une dernière chose... Tout bon Montmartrois est au fait :
"Le vin du Clos ? Qui en boit pinte, pisse quarte !!"

En d'autres termes :
"Bois un verre, tu pisseras un ruisseau !!"