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mercredi 14 décembre 2016

Une maison bien cachée, la Maison aux Cornues

Promenons-nous vers Montparnasse ou devrais-je dire, sur le Mont de Parnasse.


Ici, existait une ancienne butte. Elle fut renommée par des étudiants qui venaient y déclamer des vers.
Ils appelèrent ce petit monticule ainsi en référence au Mont Parnasse (la résidence des muses dans l'histoire de la Mythologie Grecque).

A part les dénivellations que vous pouvez ressentir en faisant du vélib' dans Paris, vous ne pourrez plus vraiment vous rendre compte de ce qu'était ce mont. La butte fut aplanie durant le XVIIIème siècle.

Et ça tombe plutôt bien. Imaginez-vous justement le quartier à cette époque...

Ici, se trouvaient de vastes propriétés toutes dotées de beaux et grands jardins à la française. Dans le paysage, quelques maisons de campagnes et des maisons plus modestes.

Ici, pas de route mais des chemins sinueux et boueux. Après tout, c'était la campagne sur le Mont de Parnasse.

Les propriétés ont toutes été détruites, remplacées depuis par des immeubles souvent Haussmanniens.
Elles disparurent avec le développement constant de la capitale repoussant sa campagne toujours plus loin jusqu'à disparaître, confondant la distance entre Paris et les villages alentours (les anciens villages et la banlieue).

Je vous ai dit que les maisons avaient toutes été remplacées... Je suppose qu'il doit en rester quelques unes encore datant de cette époque. Il y en a une d'ailleurs, cachée entre deux boutiques sur le boulevard de Montparnasse.


Ici, une grille ouvrant sur un petit passage qui permet d'accéder à une demeure datant de cette période.



Le numéro 25 en est une rescapée.


On l'appelle la Maison aux Cornues.

Elle se trouvait dans un parc dont le lourd portail menait à l'ancien village de Vaugirard, par l'actuelle avenue de Vaugirard. Enfin l'avenue, voici un lapsus, c'est la rue de Vaugirard mais cette rue est tellement longue... c'est la plus longue de Paris (4,36 km).


Cette demeure fut édifiée en 1712 par Mathurin Chouanne. Un an après sa construction, c'est une certaine Catherine Bonot qui en devint la propriétaire. Ayant un francs succès, les propriétaires se succèdent : le Comte de Béthune, le Prince de Condé et Philippe de Vendôme.

Ce dernier, prieur de l'Ordre de Malte reconnu comme étant un grand libertin en son temps, s'adonnait dans cette maison à des rituels peu communs. Il tenait en ces espaces, des réunions intellectuelles ou coquines avec les grands de l'Ordre du Temple (il vivait principalement dans son hôtel particulier rue de Varenne).

A sa mort en 1727, les notaires, chargés de "débarrasser" les lieux, découvrirent une salle dédiée spécialement à ses activités d'Alchimiste. On y trouva des filtres, des fioles et des cornues (d'où le surnom de la Maison aux Cornues).
Ses expériences étaient sans doute en lien avec sa recherche de la mythique pierre philosophale.

Il est compliqué de trouver qui occupa les lieux jusqu'en 1889.


A partir de cette époque, c'est la demeure familiale du peintre et graveur Paul-Elie Ranson.
A l'étage, il installa un atelier où il recevait régulièrement la visite de ses compères les Nabis (vous savez ces peintres post-impressionnistes, un des mouvements en marge des normes académiques imposées à l'époque).
Parmi eux : Paul Sérusier, Pierre Bonnard , Maurice DenisÉdouard Vuillard, Henri-Gabriel Ibels, Félix Vallotton ...

La maison se fit appeler le Temple à partir de cette époque...




1 commentaire:

  1. J'avais bien repéré cette maison mais je ne connaissais pas son histoire. Merci pour tout !

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