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samedi 24 décembre 2016

Paris, la Ville Lumière

Pourquoi Paris est-elle la Ville Lumière ?


A l’approche des fêtes de Noël et aux vues des illuminations partout dans la ville, j’ai bien envie de vous parler de Paris en tant que Ville Lumière.


Et c’est encore plus vrai en cette période de l’année.


J’illustrerai mon article avec les illuminations de cette fin d’année dans le but de vous faire voyager avec moi au cœur de Paris Noël…


Mais d’où vient cette idée de Ville Lumière ?


On peut aisément se questionner quand on a voyagé. A voir l’éclairage de certaines grandes villes mondiales comme Londres, New York City ou encore Tokyo, on peut se dire que Paris n’est pas si lumineuse qu’elle le prétend.

De plus, de récentes lois ont été votées pour respecter un peu plus l’écologie, ce qui induit une limitation de la consommation d’énergie. Ainsi, notre capitale a vu ses enseignes s’éteindre petit à petit, rendant les abords de nos rues plus sombres qu’à l’accoutumée. Les lumières se sont éteintes également sur certains de nos monuments. Ainsi un touriste venu il y a une dizaine d’années trouvera certainement Paris moins lumineuse.

Mais ce n’est pas un drame pour autant, Paris conserve sa réputation tout en prenant un peu plus soin de l’environnement, ce qui est pourrait marquer une évolution majeure.

Il paraitrait même que les majuscules sont obligatoires sur son qualificatif car Paris, Ville Lumière, est une ville unique !


(J’ai d’ailleurs une petite pensée pour la ville de Lyon, qui elle, est la Ville des Lumières)

Pour vous parler de notre capitale en ces termes, je dois vous réexpliquer succinctement l’histoire de la ville et la naissance de ses lumières.

Cependant, j’avais déjà traité son apparition avec mon article sur l’allumeur de réverbères donc je n’y reviendrais que succinctement.

Souvenez-vous, je vous expliquais que l’éclairage public fut décidé en 1318 sous le règne de Philippe V Le Long. Avant cette année, Paris comptait seulement deux éclairages !


Mais alors, comment en est-on arrivés à ce sobriquet ?

Il ne faudrait pas omettre que Paris était une jungle, un lieu bien dangereux à quiconque s’aventurait dans ses rues et ses ruelles ; surtout la nuit.

Le taux de criminalité était très élevé.

Quand on y pense, quoi de plus simple que de commettre des crimes à l’abri des regards ?

La nuit, sans éclairage, il n’y a personne pour pouvoir observer ce qu’il se passe dans les coins sombres. Les crimes les plus horribles se passaient bien souvent la nuit.


Ainsi, la décision la plus importante, celle qui changea l’histoire et la sécurité de la ville, fut prise en Mars 1667. C’est d’ailleurs la première hypothèse qui expliquerai l’origine de son appellation.
C’est grâce à Gabriel Nicolas de la Reynie, nommé lieutenant général de la police de Paris (le tout premier) par Colbert et Louis XIV. Il prit la décision de mettre en place un système d’éclairage public.

Passage Jouffroy
Photo de Julien De Heraldique Pictave

Il se chargea d’implanter des lanternes et des flambeaux à chaque coin de rue et demanda aux parisiens de disposer sur le rebord de leur fenêtre une bougie ou une lampe à huile qu’ils étaient chargés d’allumer à la nuit tombante.

Ainsi, les rues entières étaient éclairées.


La Ville Lumière serait alors née suite à cette initiative.

On pourrait également expliquer ce sobriquet par l’intervention de Philippe Lebon qui inventa l’éclairage au gaz. Malgré que cette histoire moins poétique que la première soit discutée, je me dois tout de même de la partager étant donné que beaucoup continuent de supputer de son origine via cet évènement.

Dès 1820, ce nouveau système d’éclairage rencontra un tel succès qu’en à peine 10 ans, Paris est éclairé grâce à ce nouveau système. On dit que Paris est magnifique, surtout la nuit. On dit qu’aux abords des commerces, dans les galeries et les passages, Paris scintille…

Les Londoniens, nombreux à venir visiter la capitale, la surnommèrent alors « City of Lights » que l’on a traduit par la Ville Lumière.


Je partirai bien dans l'hypothèse que Paris a eu un rayonnement tel au XVIIIè siècle avec ses Lumières, qu'il serait injuste de les oublier... Je prendrai la liberté de croire que l'on peut toujours avoir une petite pensée pour les grands penseurs de l'époque qui ont fait la Révolution de notre pays, mais ça, ce n'est qu'un avis d'une amoureuse de l'Histoire et de notre belle Capitale.

Sur ce, je vous souhaite de très bonnes fêtes.



Et comme il est dit, Paris restera toujours Paris !

mercredi 14 décembre 2016

Une maison bien cachée, la Maison aux Cornues

Promenons-nous vers Montparnasse ou devrais-je dire, sur le Mont de Parnasse.


Ici, existait une ancienne butte. Elle fut renommée par des étudiants qui venaient y déclamer des vers.
Ils appelèrent ce petit monticule ainsi en référence au Mont Parnasse (la résidence des muses dans l'histoire de la Mythologie Grecque).

A part les dénivellations que vous pouvez ressentir en faisant du vélib' dans Paris, vous ne pourrez plus vraiment vous rendre compte de ce qu'était ce mont. La butte fut aplanie durant le XVIIIème siècle.

Et ça tombe plutôt bien. Imaginez-vous justement le quartier à cette époque...

Ici, se trouvaient de vastes propriétés toutes dotées de beaux et grands jardins à la française. Dans le paysage, quelques maisons de campagnes et des maisons plus modestes.

Ici, pas de route mais des chemins sinueux et boueux. Après tout, c'était la campagne sur le Mont de Parnasse.

Les propriétés ont toutes été détruites, remplacées depuis par des immeubles souvent Haussmanniens.
Elles disparurent avec le développement constant de la capitale repoussant sa campagne toujours plus loin jusqu'à disparaître, confondant la distance entre Paris et les villages alentours (les anciens villages et la banlieue).

Je vous ai dit que les maisons avaient toutes été remplacées... Je suppose qu'il doit en rester quelques unes encore datant de cette époque. Il y en a une d'ailleurs, cachée entre deux boutiques sur le boulevard de Montparnasse.


Ici, une grille ouvrant sur un petit passage qui permet d'accéder à une demeure datant de cette période.



Le numéro 25 en est une rescapée.


On l'appelle la Maison aux Cornues.

Elle se trouvait dans un parc dont le lourd portail menait à l'ancien village de Vaugirard, par l'actuelle avenue de Vaugirard. Enfin l'avenue, voici un lapsus, c'est la rue de Vaugirard mais cette rue est tellement longue... c'est la plus longue de Paris (4,36 km).


Cette demeure fut édifiée en 1712 par Mathurin Chouanne. Un an après sa construction, c'est une certaine Catherine Bonot qui en devint la propriétaire. Ayant un francs succès, les propriétaires se succèdent : le Comte de Béthune, le Prince de Condé et Philippe de Vendôme.

Ce dernier, prieur de l'Ordre de Malte reconnu comme étant un grand libertin en son temps, s'adonnait dans cette maison à des rituels peu communs. Il tenait en ces espaces, des réunions intellectuelles ou coquines avec les grands de l'Ordre du Temple (il vivait principalement dans son hôtel particulier rue de Varenne).

A sa mort en 1727, les notaires, chargés de "débarrasser" les lieux, découvrirent une salle dédiée spécialement à ses activités d'Alchimiste. On y trouva des filtres, des fioles et des cornues (d'où le surnom de la Maison aux Cornues).
Ses expériences étaient sans doute en lien avec sa recherche de la mythique pierre philosophale.

Il est compliqué de trouver qui occupa les lieux jusqu'en 1889.


A partir de cette époque, c'est la demeure familiale du peintre et graveur Paul-Elie Ranson.
A l'étage, il installa un atelier où il recevait régulièrement la visite de ses compères les Nabis (vous savez ces peintres post-impressionnistes, un des mouvements en marge des normes académiques imposées à l'époque).
Parmi eux : Paul Sérusier, Pierre Bonnard , Maurice DenisÉdouard Vuillard, Henri-Gabriel Ibels, Félix Vallotton ...

La maison se fit appeler le Temple à partir de cette époque...




mercredi 7 décembre 2016

L'avenue Frochot, cette voie à laisser dans "sa" tranquilité

Quand on se promène dans les rues de Paris, le plus fabuleux se cache souvent derrière les portes.
Face à un bâtiment d'apparence vétuste, une grosse porte ancienne perdant sa peinture, on pense souvent à tord qu'on ne peut retirer aucune bonne expérience à s'y aventurer.
Et bien, on a le droit de se tromper... mais on a aussi le droit de pousser la porte.

Des trésors de petits jardinets ont souvent été aménagés dans des cours intérieures dont la présence nous échappe la plupart du temps.

C'est le cas de cette grosse grille verte...

Evidemment, afin de respecter la tranquillité des lieux déjà bien perturbés, je vous invite à faire le tour pour pouvoir apercevoir, depuis une autre grille, un lieu chargé d'histoire.


Ici, une voie privée.
A l'entrée, un concierge tenu de garder le lieu loin des indiscrets : l'avenue Frochot.

Contrairement à son nom, on pourrait plutôt parler de cité, ou, comme on aime à le dire, la Villa Frochot.
Une villa est une ruelle, une impasse bordée de maisons (ce que l'on appelle également hameau ou quartier privé).

Cette voie fut ouverte en 1830.

Elle porte le nom de Nicolas Frochot, préfet de Seine chargé de l'achat de terrains hors du Paris de l'époque sous la gouvernance de Napoléon 1er (il acheta des terrains pour les aménager en cimetières).

Les maisons aux numéros 1,2 et 3 dateraient du percement de l'avenue.
Les styles architecturaux sont variés. On passe du style néo-gothique au style colonial en passant par du baroque, du flamant ou encore de l'Art Nouveau.

Aujourd'hui habitée par de richissimes personnalités (acteurs, peintres,...), cette villa n'est accessible que sur invitation.

Mais nombre d'artiste y ont séjourné, habité, travaillé.

Au numéro 3, la cantatrice Régine Crespin y habita jusqu'à son décès en 2007.
Le numéro 4 aurait été habité par une salonnière du nom d'Apollonie Sabatier. Elle recevait régulièrement de la visite...
Le numéro 5 aurait vu séjourner Victor Hugo (incontestablement l'un des plus remarquables écrivains) en 1870 à son retour d'exil dans la maison appartenant à Paul Meurice romancier et dramaturge).
Au numéro 6, Henri Guinier (peintre) avait aménagé son atelier et Django Rheinhardt (guitariste, jazzman) y habitait et brûlait ses meubles en hiver pour se réchauffer.
Au numéro 7 demeurait Charles Lamoureux (violoniste et chef-d'orchestre). Le père d'Alexandre-Dumas y aurait également habité.
Au numéro 8 se trouvait la maison d'Eugène Brieux (auteur dramatique et journaliste).
Au numéro 13, Paul Merwart (peintre) avait installé son atelier.


Au numéro 15, le grand Toulouse-Lautrec (peintre) y demeurait en plus d'avoir aménagé un coin atelier... son atelier de nu.
Il semblerait qu'au numéro 16, Patrick Hernandez (auteur, compositeur et interprète) y ait écrit sa célèbre chanson "Born to be alive" en 1974-1975.
Au numéro 26 Théodore Chassériau (peintre) avait installé son atelier.

On dit également que Jules Dupré (peintre) eut son atelier en 1839 dans l'Avenue Frochot (attention, j'ai aussi lu qu'il habitait dans une rue derrière, la rue Bréda aujourd'hui la rue Henry-Monnier) ainsi que Jeanne Samary (actrice) qui servait souvent de modèle à son voisin Pierre-Auguste Renoir (peintre) qui logeait non loin de là, au 7 avenue Frochot, avec ses 3 fils.

La Rêverie - Auguste Renoir
(portrait de Jeanne Samary)

On sait que Paris est chargé d'histoires et le Manoir de Paris ne détient pas le monopole de l'horreur.

Cette avenue si tranquille a déjà fait parler d'elle dans la littérature.

Il est aisé de se souvenir des histoires de Fantômas. L'un de ses premiers méfaits connus a été réalisé dans la cité Frochot (lorsque le commissaire Juve et le journaliste Fandor s'installèrent discrètement chez le Docteur Chaleck, cité Frochot, en poste d'observation suite à l'assassinat sauvage d'une voisine).

Voici d'ailleurs une vidéo réalisée en 1913, perle du cinéma muet retraçant les histoires de Juve contre Fantômas.



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Dans les faits, il y a une maison qui a fait beaucoup parler d'elle.

L'hôtel particulier, au numéro 1, de style néo-gothique, probablement construit à l'ouverture de la voie (certains parlent même de 1823). Elle détient un petit jardinet et, comme toutes les maisons de l'avenue, une grille à l'entrée (en plus de celle à l'entrée de l'avenue).

Cette maison a une histoire et une étiquette particulière. Il paraîtrait qu'elle est hantée.

Son histoire est bien triste. Elle commence avec Victor Massé, compositeur.
A l'époque, il acquiert la maison. Atteint de la maladie de Charcot, il resta paralysé un long moment au lit avant d'y décéder en 1884.

Le directeur des Folies Bergères acquis alors la maison.
A sa mort, c'est sa femme de ménage qui hérita du numéro 1.
Quelques temps plus tard, elle fut sauvagement assassinée dans les escaliers de cette maison à coups de tisonnier. Le meurtrier ne fut jamais retrouvé (je cherche encore les archives de presse...).

Suite à cette horrible tragédie, la maison fut laissée à l'abandon pendant près de 30 ans jusqu'à ce que Sylvie Vartan décide d'acheter l'hôtel particulier à la fin des années 1970, mais n'y habita jamais vraiment. L'histoire dit qu'elle s'est enfuit de la maison en courant...

On raconte que des cris retentissent dans la maison à la nuit tombée.
Certains disent que le meurtrier n'ayant jamais été retrouvé, l'âme de la femme errerait encore dans la maison et que celle-ci crierait chaque nuit.

Suite à cette affaire, c'est Matthieu Galey, critique de théâtre, qui se risqua en 1978 à posséder ce bien qui, soit disant, porterait malheur...
Dans son journal il aurait noté qu'en achetant la maison Frochot il "Aurait l'impression de m'endetter pour acheter mon tombeau gothique"...

Visionnaire ? Superstitieux ?

Quoiqu'il en soit, après quelques années d'occupation, il tomba malade et mourut... de la maladie de Charcot (tout comme Victor Massé).

Certains y voient un étrange lien, la maison serait maléfique.

Deux vieilles soeurs y auraient habité et auraient été assassinées au gourdin !

Il semblerait aussi que Patrick de Brou de Laurière ait été conquis par la maison. Il était, aux dires de certains, adepte de magie et aurait fait exorciser sa maison par un ami curé.

A son décès, la maison fut rachetée. Les nouveaux propriétaires disent ne jamais avoir assisté à de tels phénomènes.


Pour le bien de ses habitants, merci de rester à l'extérieur :-)