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dimanche 3 juillet 2016

Un cimetière caché et protégé : le cimetière israélite de la Villette

En promenade sur l’avenue de Flandre dans le XIXème arrondissement de Paris, tout semble paraître ce qu’il est… sauf que quelque part sur cette avenue, au numéro 44, se situe un lieu de mémoire permettant, d’une certaine manière, de s’aventure sur l’histoire du quartier, de la France et l’histoire Juive.

Ici se situe le seul établissement religieux protégé de l’arrondissement et si vous souhaitez y pénétrer, vous aurez besoin d’en faire la demande au Consistoire de Paris et d’en obtenir son autorisation.

Au numéro 44, protégé du passage, se situe un petit cimetière de 28 sépultures (il faut savoir que les concessions sont obligatoirement perpétuelles). Il est considéré comme Monument Historique depuis 1966, et c’est peu dire !


Ce cimetière est un des plus anciens cimetières parisiens. Au gré de mes recherches, je suis tombée sur ce paragraphe qui résumera assez bien la place des Juifs en France :

« La présence des Juifs à Paris remonte aux premiers siècles de notre ère. Avant la Révolution, les Juifs connaissent persécutions et expulsions. A partir de 1791, ils sont reconnus citoyens français ».

A cette époque il était encore plus compliqué qu’aujourd’hui d’obtenir une concession pour un Juif dans un cimetière. Il faut savoir que depuis Philippe Le Bel (1268-1314), aucun cimetière n’était prévu pour les juifs (selon les traditions, les pierres tombales varient, les dispositions aussi, …).

Je nous ramène à la fin du XVIIIème siècle.

 Nous sommes à l’emplacement du futur numéro 44 de l’avenue de Flandre, près de l’ancien village de la Villette, le long de la route de Flandre. Le cimetière est là… enfin, un cimetière… officiellement c’est le jardin de l’auberge l’Etoile tenue par Camot. Les corps y sont enterrés clandestinement, c’est-à-dire de nuit et sans bruit (les duellistes, les comédiens et les suicidés étaient inhumés dans les mêmes conditions).

En 1773, un certain Matard acquiert l’auberge. Matard était équarisseur de métier. Ayant en sa possession nombre de dépouilles d’animaux, il faut les faire disparaître. Il choisit son jardin, mélangeant ainsi corps d’animaux et d’êtres humains…

Un certain Jacob Rodrigues Pereire a connaissance des « magouilles » de Matard. Tout en restant discret, il souhaite racheter ce lopin de terre afin d’en faire légalement un cimetière.
 
Jacob Rodrigues Pereire ? C’est un des hommes influents du siècle des Lumières. Il est reconnu avant tout comme le pionnier de l’éducation des sourds-muets. 


Ayant « ébloui » le roi (Louis XVI) par son admirable travail, il devient son pensionnaire et son interprète portugais. Il réussit à acheter cette parcelle et en fait officiellement un cimetière Juif portugais grâce à l’ordonnance du Lieutenant Lenoir.

Cimetière Israélite de la Villette, tous droits réservés
à Zakhor Online



Suite à la création d’une section Israélite au cimetière du Père-Lachaise en 1810, le cimetière est désaffecté. Le cimetière israélite de la Villette est une des surprises du quartier, même pour ses habitants, croyez-moi (j’ai été en totale immersion).

4 commentaires:

  1. Je suis bien heureux de voir enfin une bonne photo de ce cimetière totalement inaccessible !

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    1. Merci beaucoup, il m'a fallu quelques recherches avant de tomber sur une bonne photographie du cimetière.
      Je n'ai pas été jusqu'à demander l'accès au Consistoire de Paris (seule manière d'y accéder).
      Faire de la recherche oui, mais il faut parfois se positionner et se questionner sur les limites de sa propre éthique (qui pour moi étaient atteintes).
      J'ai préféré également rendre hommage au travail de plus "renseignés" dans leurs travaux de recherches historiques. Pour toutes ses raisons, j'ai réutilisé la photographie très parlante et de bonne qualité de Zakhor Online tout en proposant le lien direct menant à son propre travail.

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    2. Sur la photo actuelle du 44 ave de Flandre, je ne reconnais pas cet immeuble moderne tout blanc. Il semble me souvenir qu'en 1998 il n'existait pas. A l'époque, j'ai imaginé que le cimetière se situait entre les deux immeubles au bout d'une étroite allée ; il y avait une vieille grille verte en métal peint : j'ai hésité à l'escalader, par respect, et je suis parti résigné sans avoir pu faire de photo... !

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