Ici se situe le seul établissement religieux protégé de l’arrondissement et si vous souhaitez y pénétrer, vous aurez besoin d’en faire la demande au Consistoire de Paris et d’en obtenir son autorisation.
Au numéro 44, protégé du passage, se situe un petit
cimetière de 28 sépultures (il faut savoir que les concessions sont
obligatoirement perpétuelles). Il est considéré comme Monument Historique
depuis 1966, et c’est peu dire !
Ce cimetière est un des plus anciens cimetières parisiens.
Au gré de mes recherches, je suis tombée sur ce paragraphe qui résumera assez
bien la place des Juifs en France :
« La présence des Juifs à Paris remonte aux premiers siècles
de notre ère. Avant la Révolution, les Juifs connaissent persécutions et
expulsions. A partir de 1791, ils sont reconnus citoyens français ».
A cette époque il était encore plus compliqué qu’aujourd’hui
d’obtenir une concession pour un Juif dans un cimetière. Il faut savoir que
depuis Philippe Le Bel (1268-1314), aucun cimetière n’était prévu pour les
juifs (selon les traditions, les pierres tombales varient, les dispositions
aussi, …).
Je nous ramène à la fin du XVIIIème siècle.
Nous sommes à l’emplacement
du futur numéro 44 de l’avenue de Flandre, près de l’ancien village de la
Villette, le long de la route de Flandre. Le cimetière est là… enfin, un
cimetière… officiellement c’est le jardin de l’auberge l’Etoile tenue par Camot.
Les corps y sont enterrés clandestinement, c’est-à-dire de nuit et sans bruit
(les duellistes, les comédiens et les suicidés étaient inhumés dans les mêmes
conditions).
En 1773, un certain Matard acquiert l’auberge. Matard était équarisseur
de métier. Ayant en sa possession nombre de dépouilles d’animaux, il faut les faire
disparaître. Il choisit son jardin, mélangeant ainsi corps d’animaux et d’êtres
humains…
Un certain Jacob Rodrigues Pereire a connaissance des « magouilles »
de Matard. Tout en restant discret, il souhaite racheter ce lopin de terre afin
d’en faire légalement un cimetière.
Jacob Rodrigues Pereire ? C’est un des hommes influents
du siècle des Lumières. Il est reconnu avant tout comme le pionnier de l’éducation
des sourds-muets.
Ayant « ébloui » le roi (Louis XVI) par son
admirable travail, il devient son pensionnaire et son interprète portugais. Il
réussit à acheter cette parcelle et en fait officiellement un cimetière Juif
portugais grâce à l’ordonnance du Lieutenant Lenoir.
Cimetière Israélite de la Villette, tous droits réservés à Zakhor Online |
Suite à la création d’une section Israélite au cimetière du Père-Lachaise
en 1810, le cimetière est désaffecté. Le cimetière israélite de la Villette est
une des surprises du quartier, même pour ses habitants, croyez-moi (j’ai été en
totale immersion).
Je suis bien heureux de voir enfin une bonne photo de ce cimetière totalement inaccessible !
RépondreSupprimerMerci beaucoup, il m'a fallu quelques recherches avant de tomber sur une bonne photographie du cimetière.
SupprimerJe n'ai pas été jusqu'à demander l'accès au Consistoire de Paris (seule manière d'y accéder).
Faire de la recherche oui, mais il faut parfois se positionner et se questionner sur les limites de sa propre éthique (qui pour moi étaient atteintes).
J'ai préféré également rendre hommage au travail de plus "renseignés" dans leurs travaux de recherches historiques. Pour toutes ses raisons, j'ai réutilisé la photographie très parlante et de bonne qualité de Zakhor Online tout en proposant le lien direct menant à son propre travail.
Sur la photo actuelle du 44 ave de Flandre, je ne reconnais pas cet immeuble moderne tout blanc. Il semble me souvenir qu'en 1998 il n'existait pas. A l'époque, j'ai imaginé que le cimetière se situait entre les deux immeubles au bout d'une étroite allée ; il y avait une vieille grille verte en métal peint : j'ai hésité à l'escalader, par respect, et je suis parti résigné sans avoir pu faire de photo... !
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