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mardi 7 juin 2016

Le Bon Marché : plus qu'un grand magasin, la naissance d'un «nouveau monde»

Lors du rachat du Bon Marché (fin du XIXème siècle), Boucicaut réfléchi à son programme de relations publiques transformant la situation de l’employé au sein de l’entreprise. 


Cette nouvelle politique d’établissement s’avère être d'une grande efficacité. Il pratique une politique de la main d'œuvre, principe particulièrement novateur, permettant à chaque employé de devenir progressivement second puis chef de comptoir et gérant.


Tout est nouveau. Ses employés ont droit à 1 jour de congé hebdomadaire, à l'assistance médicale et à une caisse de prévoyance alimentée chaque année par une somme prélevée sur les bénéfices nets de l'entreprise, puis à une caisse de retraite qui ouvre le droit à une pension après 20 ans de service dans la maison (ce qu'Emile Zola décrit avec justesse dans son roman « Au bonheur des Dames »).

Il démontre à quel point la politique sociale (inspirée de ses propres valeurs) est la meilleure clef menant à la réussite financière.


La révolution est en marche…

Mais nous sommes sur la rive gauche, rive au profil chic (et « intello ») et bien plus encore : s’aventurer ici c'est toute une façon d'être, un art de vivre, un esprit.

Situé à la frontière des VIème et VIIème arrondissement, proche de Saint-Germain-des-Prés (les arts et les lettres font l’honneur de ce quartier), le Bon Marché reflète à lui seul l’esprit Rive Gauche : une ouverture au monde, un goût pour la culture et une tradition sans cesse revisitée.

Serait-ce le moment pour vous avouer que le mythe de la « parisienne » vient de la Rive Gauche ?

« Comment ça ? » me direz-vous.

Les équipes du Bon Marché se féminisent. Des postulantes originaires des 4 coins de la France s’y présentent dans l’espoir de devenir vendeuses (et parisiennes). Certaines sont même logées dans les étages supérieurs de l’établissement.


Le budget familial leur est dévolu, nouveauté qui aura une grande incidence sur la condition de la femme dans notre société. Les femmes disposent d'une certaine autonomie grâce à leur nouvelle indépendance économique et sociale, ce qui permet aux épouses d'oser sortir de chez elles sans leur mari !

La Parisienne est élégante, séduisante, indépendante, tel est le mythe naissant sur ce côté de la Seine qui en fait rêver plus d’un(e)s.


Le Bon Marché Rive Gauche se créé un univers où la créativité et la modernité sont les points d'équilibre. Un désir de communiquer s'inscrit dans la culture de l'époque avec des campagnes publicitaires réalisées par les plus grands photographes.


Mais quand on créé un marché révolutionnaire fréquenté par la Parisienne devenue égérie, on peut s’attendre à un succès qui traverse les frontières.

Bientôt dans le monde, on s'inspire du Bon Marché. On en fait un modèle à suivre.

En 1874, on assiste à l'ouverture du Printemps à Paris suivi des Galeries Lafayettes 20 ans plus tard.
Macy's ouvre à New York City en 1896, la Samaritaine en 1900 à Paris et Selfridges à Londres en 1909.

La politique d’établissement inventée par le couple Boucicaut se révèle être le précurseur de notre société de consommation.
En effet, ce système a participé à l'émancipation des bourgeoises et bouleversé le monde de la grande distribution.

Aux grands regrets de certaines bourses, même s’il est appréciable de s’y rendre, le Bon Marché est devenu luxueux, plus glamour et moins bon marché qu'il ne l'était à sa création…


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