Lors du rachat du Bon Marché (fin du
XIXème siècle), Boucicaut réfléchi à son programme de relations
publiques transformant la situation de l’employé au sein de l’entreprise.
Cette nouvelle
politique d’établissement s’avère être d'une grande efficacité. Il pratique une
politique de la main d'œuvre, principe particulièrement novateur, permettant à
chaque employé de devenir progressivement second puis chef de comptoir et
gérant.
Tout est nouveau. Ses employés ont droit à
1 jour de congé hebdomadaire, à l'assistance médicale et à une caisse de
prévoyance alimentée chaque année par une somme prélevée sur les bénéfices nets
de l'entreprise, puis à une caisse de retraite qui ouvre le droit à une pension
après 20 ans de service dans la maison (ce qu'Emile Zola décrit avec justesse
dans son roman « Au bonheur des
Dames »).
Il démontre à quel point la politique
sociale (inspirée de ses propres valeurs) est la meilleure clef menant à la
réussite financière.
La révolution est en marche…
Mais nous sommes sur la rive gauche, rive
au profil chic (et « intello ») et bien plus encore : s’aventurer ici
c'est toute une façon d'être, un art de vivre, un esprit.
Situé à la frontière des VIème
et VIIème arrondissement, proche de Saint-Germain-des-Prés (les arts
et les lettres font l’honneur de ce quartier), le Bon Marché reflète à lui seul
l’esprit Rive Gauche : une ouverture au monde, un goût pour la culture et une tradition
sans cesse revisitée.
Serait-ce le moment pour vous avouer que le
mythe de la « parisienne » vient de la Rive Gauche ?
« Comment ça ? » me direz-vous.
Les équipes du Bon Marché se féminisent. Des
postulantes originaires des 4 coins de la France s’y présentent dans l’espoir
de devenir vendeuses (et parisiennes). Certaines sont même logées dans les
étages supérieurs de l’établissement.
Le budget familial leur est dévolu, nouveauté
qui aura une grande incidence sur la condition de la femme dans notre société.
Les femmes disposent d'une certaine autonomie grâce à leur nouvelle
indépendance économique et sociale, ce qui permet aux épouses d'oser sortir de
chez elles sans leur mari !
La Parisienne est élégante, séduisante,
indépendante, tel est le mythe naissant sur ce côté de la Seine qui en fait
rêver plus d’un(e)s.
Le Bon Marché Rive Gauche se créé un
univers où la créativité et la modernité sont les points d'équilibre. Un désir
de communiquer s'inscrit dans la culture de l'époque avec des campagnes
publicitaires réalisées par les plus grands photographes.
Mais quand on créé un marché révolutionnaire
fréquenté par la Parisienne devenue égérie, on peut s’attendre à un succès qui
traverse les frontières.
Bientôt dans le monde, on s'inspire du Bon
Marché. On en fait un modèle à suivre.
En 1874, on assiste à l'ouverture du
Printemps à Paris suivi des Galeries Lafayettes 20 ans plus tard.
Macy's ouvre à New York City en 1896, la
Samaritaine en 1900 à Paris et Selfridges à Londres en 1909.
La politique d’établissement inventée par le
couple Boucicaut se révèle être le précurseur de notre société de consommation.
En effet, ce système a participé à
l'émancipation des bourgeoises et bouleversé le monde de la grande
distribution.
Aux grands regrets de certaines bourses,
même s’il est appréciable de s’y rendre, le Bon Marché est devenu luxueux, plus
glamour et moins bon marché qu'il ne l'était à sa création…
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