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jeudi 2 juin 2016

De la musique partout, par n'importe quel moyen : Joseph Pujol doit sûrement en être le précurseur.

On pense que la période dans laquelle nous vivons est composée de personnes plus dérangées les unes que les autres, que la musique a atteint son apogée bien avant notre époque.

On pense certainement avoir tout vu et tout entendu, pourtant, ne dit-on pas souvent que nous n’avons rien inventé ?

Je suis navrée de vous décevoir.

Nos amis mélomanes seront ravis d’apprendre qu’en terme de musique, il y a eu pire que certaines choses entendues dans nos radios, nos salles de concert ou même dans la rue.


On n’est pas très loin du niveau du petit enfant qui fait « pouet » avec sa main placée dans le creux de son aisselle… et qui se tient devant vous les yeux pétillants de malice et d’amusement. Ah cet enfant peut être fier de lui car le corps, selon certains, est un instrument de musique merveilleux !

(Oui, vous avez bien lu)

Après tout, je vous laisse découvrir cette technique provenant essentiellement de Haute-Asie qui consiste à produire de très beaux sons gutturaux. Voici un exemple de chant diphonique (pratique vocale permettant d'émettre deux voix sur des fréquences différentes avec un seul organe qui peut se pratiquer en groupe) :


Après cette brève évasion hors d'Europe, revenons en France.

Je vous présente Joseph Pujol né à Marseille en 1857.

Vous ne le savez pas encore mais en 1892, un musicien est la nouvelle vedette du Moulin Rouge. 
C’est Joseph, le pétomane… oui… un homme qui se sert des sons sortant de son anus pour offrir un concert au tout Paris !


On lui reconnaissait la faculté extraordinaire d’aspirer l’air ambiant pour en ressortir quasi-instantanément des sons venus des profondeurs de son ventre.
Il paraitrait qu’il produisait de curieuses mélodies, modulations s’étendant sur toute la gamme musicale même les bémols et les dièses !

J’ai lu une phrase d'un auteur essayant de comprendre les activités de ce « génie », que je trouve assez honnête (contrairement au bien-fondé de ce curieux spectacle) : « Une bien curieuse façon, avouons-le, de vendre du vent ».

Voici le seul film (retrouvé) de Joseph Pujol filmé par Thomas Edison lors de l'Exposition Universelle de 1900 à Paris (c'est un film muet, nous sommes condamnés à ne jamais entendre son oeuvre) :


Bon, reconnaissons tout de même que la foule était hilare, on frôlait même l’hystérie collective.

Il jouait « Frou-frou », « Le Danube Bleu » et même toujours à la fin de ses spectacles « La Marseillaise ».

Il réussit même à monter un théâtre ambulant : le Théâtre Pompadour. Il sillonnait la France, répandant les rires sur son passage.

Il reçut la visite du Prince de Galle et du Docteur Freud, présents dans le but de comprendre cette hilarité collective.

Bien entendu, dans les milieux intellectuels français, le sujet était évité.

Lorsque la première Guerre Mondiale éclate, il se retire à Marseille pour reprendre son activité première : la boulangerie.

Joseph Pujol est mort en 1945 à l’âge de 88 ans.

Si en France nous n’en parlons pas, le personnage fit grand bruit (si je peux me permettre) dans les cinémas des pays étrangers sous forme de documentaires, de films. 
Par exemple, en 1983, l’Italie découvre notre musicien dans le film Il petomane d’Ugo Tognazzi.

Finalement, n’est-ce pas lui le véritable ancêtre des humoristes ?
Merci au Moulin Rouge de nous avoir caché cette « fabuleuse » découverte qui manquait tant à la culture française d'hier et d'aujourd'hui.

Une petite vidéo (en anglais, je n'ai pas trouvé en français) de l'histoire de Joseph Pujol présentée par Leonard Rossiter, réalisé en 1979 :


Si vous avez aimé les chants diphoniques, en voici un autre très beau...

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