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dimanche 19 juin 2016

Bonjour, Je suis Catherine Monvoisin, sorcière et empoisonneuse

En son temps, sous le règne de Louis XIV, Catherine Deshayes était une femme de grand renom.
Seulement en son temps ?

Rien n’est moins sûr…

Si je vous dis que Catherine, de son nom d’épouse Monvoisin, était surnommée La Voisin ? Et si je vous rappelle qu’elle fut une des sorcières dont le souvenir perdure encore aujourd’hui ?

Oui, La Voisin, l’empoisonneuse, vivait dans un ancien lieu-dit, encore hors des murs de Paris. Elle habitait dans un quartier tout nouvellement organisé le long de la contrescarpe de l’enceinte de Charles V portant le nom de la Villeneuse-sur-Gravois.

Elle y logeait dans une maison dotée d’une entrée principale à l’avant, donnant sur l’actuelle rue du Beauregard (on estime que sa demeure se situait sur l’emplacement des actuels numéros 23 et 25 de la rue) et d’une entrée secondaire à l’arrière, permettant d’y accéder par la rue de Lune en toute discrétion.

La Voisin recevait ses clients dans une tenue faite sur mesure. Vêtue d’une robe et d’un manteau, elle proposait différents services. Ici, vous pouviez vous faire prédire l’avenir, repartir avec un philtre d’amour, vous faire avorter ou même retourner à votre vie sans votre nouveau-né non désiré, assassiné devant vous, le faisant passer pour l’objet du démon…

Elle n’agissait pas forcément seule bien sûr. Elle aurait trafiqué les poisons découverts par un certain Exili (un Italien) avec son ami Le Sage, homme d’Eglise et la Vigoureux. Ils en faisaient une poudre qu’ils ont appelé : la poudre de succession.

Si l’on ne connaissait pas les affaires de La Voisin, celle-ci présentait ses services en se vantant de répondre à la soif des curieux, d’apaiser les âmes par des prédictions, …

Bien que le tout Paris s’y pressait (il paraitrait que Madame de Montespan, favorite du Roi, venait lui rendre visite), sa clientèle était surtout composée de femmes qui souhaitaient savoir quand leur mari serait amené à disparaitre enfin.
Elle proposait des solutions diverses et variées. Souvent, elle leur fournissait la poudre magique capable de leur faire accéder rapidement à la succession ou au remariage. Elle pratiquait les ensorcellements amoureux et les messes noires.

Les parisiens sont en effervescence. Une mort prématurée ? C’est La Voisin. Un accident brutal dont on ne trouve pas d’explication ? C’est encore La Voisin. Vous vous posez encore des questions et vous ne trouvez pas la réponse ? Mais c’est toujours La Voisin !!

Le bruit courait que La Voisin avait fait vœux d’empoisonner le roi lui-même, ce qui lui valut de nombreuses visites du lieutenant de police La Reynie.

Estampes représentant Gabriel-Nicolas de la Reynie
(par Nicolas de Larmessin)

Le roi créé une sorte de lieux que l’on pourrait appeler aujourd’hui « cellule de crise » : la Chambre Ardente (c’est un tribunal organisé de manière exceptionnelle quand la situation relève de la sécurité de l’Etat. Cette chambre existe depuis le règne de François Ier en 1535).

Lors des multiples interrogatoires dans la Chambre Ardente, La Voisin finit par dénoncer beaucoup de ses clients. Quelques-uns étaient des personnes de haute distinction, ce qui causa des incidents au sein de la grande société. On accusa, par exemple, la Marquise de Soissons d’avoir empoisonné son mari.

Et pourtant, La Voisin lutta longtemps pour ne pas parler de la favorite… Quand le roi appris la nouvelle, il n’en revenait pas. Sa maîtresse lui aurait-elle fait absorber des philtres d’amour ? Aurait-elle rendu la reine stérile ? De colère, il aurait lui-même arrêté les interrogatoires et jeté au feu les papiers incriminant la sorcière.

Après un long procès de quatorze mois, elle fut condamnée au bûcher pour sorcellerie et empoisonnement.

Le jour de son exécution, le 22 Février 1680, Madame de Sévigné était présente. Elle racontait à sa fille :
« A cinq heures on la lia ; et, avec une torche à la main, elle parut dans le tombereau, habillée de blanc : c’est une sorte d’habit pour être brûlée. Elle était fort rouge, et l’on voyait qu’elle repoussait le confesseur et le crucifix avec violence. Nous la vîmes passer à l’hôtel de Sully, madame de Chaulnes, madame de Sully, la comtesse de Fiesque et bien d’autres. A Notre-Dame, elle ne voulut jamais prononcer l’amende honorable, et à la Grève elle se défendit autant qu’elle put de sortir du tombereau : on l’en tira de force. On la mit sur le bûcher, assise et liée avec du fer ; on la couvrit de paille. Elle jura beaucoup, elle repoussa la paille cinq ou six fois ; mais enfin le feu s’augmenta, et on la perdit de vue, et ses cendres sont en l’air présentement. »

Elle fut brûlée vive sur la place de Grève (actuel parvis de l’Hôtel de Ville), à l’âge de 40 ans.

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