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lundi 13 juin 2016

Pet-au-diable, la pierre chanceuse de voyager. Quand un menhir se déplace de rive droite en rive gauche...

Il existe dans Paris des objets dont on ne soupçonne pas l'ancienneté...
Malheureusement, certains d'entre eux datent d'époques lointaines qui peuvent remonter jusqu'à la préhistoire. Elles arrivent à être conservées puis, souvent, sont les victimes de rixes, d'émeutes, de révoltes, ...

C'est le cas d'un monolithe qui avait trouvé sa place rue du Pet-au-Diable ou, devrais-je dire, l'actuelle rue de Lobau, juste derrière notre Hôtel de Ville quelque part par ici au numéro 2 (il semblerait que la rue ait été absorbée avec le temps par la rue de Lobau, le GPS nous indique d'ailleurs l'intérieur d'une cour).

La pierre se trouvait devant la Tour Quarrée sur

Puis devant l'Ostel de Coussy sur
le Plan de la ville et des faubourgs de Paris divisé en ses vingt quartiers,
 par le Sr Robert de Vaugondy
 (1771)

Ce monolithe était situé devant la Tour Quarrée puis l'Ostel de Coussy. La référence évoquée dans tous les livres est le poète François Villon qui, dans l'un de ses poèmes au XVème siècle, cite le menhir dont on ignore encore la provenance. Cet écrit permet d'attester de sa présence (en plus des marquages effectués sur des plans anciens de Paris) :

Une œuvre perdue de François Villon
Marcel Schwob
Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
 Année 1891 Volume 35 Numéro 1 p. 10

Mais pourquoi le Pet-au-Diable ?

Au départ la rue portait le nom de Pet au Deable, devenue par la suite Pet-au-Diable.

Plusieurs explications sont possibles.
La première histoire nous dit que le peuple, ne connaissant pas l'origine de cette pierre gigantesque et n'arrivant pas à en expliquer la présence en ces lieux, surnomma le menhir le Pet du Diable.
Une autre explication à également permis de trouver une origine à cette appellation. Un certain Pétau aurait possédé et habité la maison et la Tour de cette rue. Le bruit courait que cet homme était tellement abjecte qu'il fut surnommé le Diable. D'où son nom de la rue Pétau diable...

Dictionnaire de la Ville de Paris et ses environs - Volume 3 p 425

Mais voilà, le Pet au Diable était presque vie. Il fut déplacé régulièrement dans les années 1451 à 1453 par les étudiants de la "bande à Villon"par pure provocation. Il passa de l'autre côté de la Seine pour trouver sa place sur la montagne Sainte-Geneviève (mont Saint-Hilaire) dans le quartier des écoles.

La pierre fut transférée de nouveau dans un endroit que l'on jugea le meilleur endroit pour cette pierre préhistorique : le Palais de la cité.

Les clercs et les écoliers virent s'emparer un énième fois de la roche pour la replacer à Saint Hilaire.
Une nouvelle fut alors posée au Martelet-Saint-Jean-en-Grève qui fut, elle aussi, embarquée sur le mont et scellée solidement, sous le nom de la "Vesse".

Les étudiants installèrent les deux pierres surmontées d'une pierre longue et d'une couronne de fleurs en guise de coiffe. Ils dansaient toutes les nuits, jouaient des instruments.

Afin de conserver le monolithe, les écoliers durent contraindre les officiers royaux à promettre la conservation des deux pierres... détruites en 1453 au cours d'une rixe entre policiers et étudiants.

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