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jeudi 28 avril 2016

Quand Gérard de Nerval promène son homard

Nous avons tous plus ou moins conscience que l’être humain est capable du meilleur comme du pire… surtout en matière de folie. Malheureusement, tout un chacun peut potentiellement être victime de ses propres émotions, si intenses soient-elles, même les plus grands spécialistes de la question.

Je m’intéresse aujourd’hui à Gérard Labrunie plus connu sous le nom de Gérard de Nerval.
Ecrivain et poète, au cours de sa vie, dans les années 1830 il commence à évoluer dans le cercle de grands écrivains tels que Victor Hugo ou encore Alexandre Dumas ou d’artistes tel que le peintre Eugène Devéria.

C’est à cette époque qu’il décide de prendre « de Nerval » comme nom d’adoption ; nom d’un lieu-dit proche d’un champs cultivé par son grand-père.

Gérard de Nerval

Gérard fait partie du Sénacle, un groupe d’intellectuels de la Comédie Humaine (Honoré de Balzac) puis s’éloigne pour intégrer le Petit-Sénacle, groupuscule beaucoup moins sérieux que le Sénacle.

Cette déclinaison du groupement d’intellectuels attire vivement l’attention de la société… surtout des archers du guet qui finirons par arrêter Gérard parmi d’autres. Ses membres s’amusent, abusent de la boisson, chahutent….

Le 31 Octobre 1837, il aurait créé l’Opéra Comique Piquillo, pourtant, seul Dumas signe l’œuvre…
Le premier rôle est attribué à l’actrice Jenny Colon dont il tombe éperdument amoureux. Elle serait son idole, la femme parfaite… Malheureusement, c’est un amour à sens unique.
Depuis son décès, il ne cesse de la voir apparaître dans ses rêves, il se sent comme hanté par l’actrice, ce qui le déstabilise au plus haut point.

Le 23 Février 1841, il fait une première crise de folie durant laquelle il est soigné par Madame Marie de Sainte Colombe.

Il récidive le 21 Mars. Sa folie se manifeste de manière bien particulière. Chose forte intéressante, on retrouve sur les marches du Palais-Royal et au café Véry (tout proche du Palais-Royal), un Gérard de Nerval content de promener son animal. Au bout de la laisse…. Un homard ! 

Oui, imaginez (si vous le pouvez), un gaillard comme Gérard de Nerval parcourant fièrement les rues et les cafés de Paris avec le crustacé.

Lors de son achat dans une des boutiques du Palais-Royal, il s’était justifié de son choix avec aplomb : « J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer et n’aboient pas ».

Gérard de Nerval promenant son homard

Il fut conduit sur Montmartre dans la clinique du Docteur Blanche, spécialiste des maladies mentales.

On gardera toujours un doute sur sa manière d’adhérer ou non à la réalité. Sa vie tournera désormais autour d’une quête mêlée de mysticisme, symbolisme et ésotérisme le poussant à voyager un peu partout dans le monde.

Il meurt en plein Paris, pendu à des barreaux, dans la rue de la Vieille-Lanterne (suicide ? meurtre ? victime de sa folie ?).
Sa cérémonie funéraire s’est déroulée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris et repose au cimetière du Père-Lachaise (sa concession lui a été financée par Théophile Gautier et Arsène Houssaye).

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