J’apprécie tout de même ces beaux quartiers ayant une
tranquillité quasi-provinciale, un agencement hors du commun et une
architecture à couper le souffle.
Il fut un temps où le XVIème, bien
qu’historiquement riche et toujours fréquenté par des personnes de la bonne
société, était considéré comme « the place to be » (notamment du 17ème
au 19ème siècle).
Sur les hauts de Passy, vers 1650, en perçant une nouvelle
voie, on découvre une source d’eau minérale (au niveau de l’actuelle rue des
Eaux).
(Cette eau avait déjà été utilisée vers 250 par les romains
qui avaient construit un aqueduc permettant à l’eau de s’écouler jusque dans
des Thermes installées à l’emplacement des actuels jardins du Palais Royal.)
Suite à cette re-découverte de la source, un traité ayant
pour sujet les eaux minérales, publié en 1775, stipule que :
« Les Eaux de Passy sont toniques, incisives,
diurétiques, laxatives : elles lèvent les obstructions, guérissent les
hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement
des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles
remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers,
aux pâles couleurs, [...]. »
L’Abbé Le Ragois, propriétaire des principales terres où
s’écoulent les eaux, projette d’ouvrir un établissement thermal lui assurant un
revenu confortable.
Son voisin le Sieur Guichou, marchand d’étoffes de soie sur
le faubourg Saint-Honoré, trouve le moyen de détourner l’eau jusqu’à chez lui.
L’Abbé, non content de la situation, lui dresse un procès et gagne ses terres.
Il détient maintenant la place suffisante pour créer une véritable station
thermale avec salles de bal, de théâtre, des jardins, des salles de jeux…
Son établissement a du succès, on peut y voir Benjamin
Franklin, Rousseau, des personnes du grand monde, mêlant aristocratie et grande
bourgeoisie. Il y ouvre un restaurant qui offre les repas aux médecins.
Les eaux thermales étant des eaux soumises à la médecine, on
pouvait trouver cette eau en pharmacie… jusqu’en 1840.
D’héritage en héritage, au milieu du 19ème
siècle, la baronne Bartholdi en est la propriétaire. Elle autorise gratuitement
l’accès aux sources. La station ferme car la population se désintéresse de
cette eau qui, visiblement, a perdu toutes ses vertus médicinales en même temps
que son prix… et tant mieux car les eaux se tarissent en 1770.
Aujourd’hui, si vous allez Square Lamartine (métro Rue de la
Pompe), vous trouverez une fontaine des eaux de source du XVIème,
eau puisée à plus de 650 mètres de profondeur dans la nappe fossile de
l’Albien.
Ces puits ont été creusés à l’origine pour alimenter les
lacs du bois de Boulogne.
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