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lundi 4 avril 2016

La vieille au bouquet

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’amour.

J’ai longtemps hésité sur le premier contenu de ce sujet car Paris c’est LA ville des amoureux.

J’aimerai vous parler de la beauté de cet état sauf que, les premiers amants de Paris ont vécu une histoire d’amour impossible (un peu comme Roméo et Juliette). J’y reviendrai un autre jour car aujourd’hui nous ne ferons pas dans le tragique mais dans l’émouvant.

Notre capitale regorge de belles histoires et la première que je souhaite vous partager est celle d’une femme âgée surnommée la vieille au bouquet.

Le 20 Août 1863, Françoise meurt dans une salle de l’Hôtel Dieu.

Le Faubourg Saint-Germain était le théâtre d’un spectacle singulier au 19ème siècle.
Beaucoup de gens ne se doutaient de rien. Pourtant, cette petite vieille au dos courbé, qui marchait avec un bâton plus haut qu’elle, un bouquet de fleurs séchées à la main ou dans sa poche de manteau, allant et venant sur les trottoirs du faubourg, avait vécu une histoire peu ordinaire.

Durant la restauration, Françoise croise la route de 4 sous-officiers à Marans (non loin de La Rochelle). L’un d’eux, le sergent Marius-Claude Raoulx, tombe sous les charmes de la jeune fille.
Tous deux se voient lors de promenades et, petit à petit, se donnent des rendez-vous plus discrets. Ils s’entendent tellement que des liens plus forts s’établissent : ils tombent amoureux.


Le temps passant et Françoise n’ayant plus de nouvelles de son bien-aimé, elle se renseigne, découvre que Marius a quitté Marans et ne trouve aucun signe de vie, ni de lui, ni de ses 3 camarades.
Françoise s’inquiète et part à leur recherche à La Rochelle. Elle les retrouve dans la tour de la Lanterne, emprisonnés pour avoir conspiré.
Elle découvre que les promenades dominicales étaient en fait des réunions sous couvert. Les 4 compères se réunissaient pour planifier le renversement de la royauté dans le but de restaurer le gouvernement bonapartiste.

Françoise, sous le choc, n’ose y croire.

Pendant ce temps, ils sont transférés à Paris. Elle n’hésite pas à rassembler ses affaires, les empaqueter pour les rejoindre dans la capitale.
Chaque matin pendant 10 jours elle s’assied devant la porte de la prison de l’Abbaye où, par désespoir, elle supplie les geôliers et les gardes de relâcher son fiancé.
On l’informe qu’un jugement sera rendu le 21 Août.
Il faudra patienter jusqu’au 5 Septembre : la nouvelle tombe comme un couperet, le procureur général de Marchangy les condamne à la mort par guillotine.

Françoise, désireuse de sauver son Amour, campe aux Tuileries afin de suivre les allers et venues du roi pour aller à sa rencontre et lui demander la grâce du conspirateur qui avait gagné son cœur.

Au lieu de trouver le roi, elle voit passer le convoi qui transporte les condamnés, s’enfonçant dans une foule en colère devenue difficile à contenir.
Elle réussit tant bien que mal à se faufiler et accéder aux premiers rangs. La foule leur jette des fleurs, des bouquets… Marius aperçoit sa bien-aimée, ramasse un bouquet et lui envoi en criant :
« Garde-le en souvenir de moi, je t’aime ».


Françoise n’eut jamais le cœur de se séparer de son bouquet. Il ne se passait pas un jour sans qu’elle n’aille se recueillir et pleurer sur la tombe de son cher et tendre au cimetière du Montparnasse, jusqu’au jour où on la retrouva inconsciente, quai des Orfèvres.

C’est une histoire triste mais l’amour y est sincère.

Alors, vous avez dit « ville de l’amour » ?

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