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mercredi 11 mai 2016

A Paris : quand l'homosexualité est la préoccupation de la police des bonnes moeurs

Vers la fin de l’an 1682, la Cour repart s’installer à Versailles délaissant le Louvre.

Carrousel du Louvre 1662

Au XVIIIème siècle, le palais du Louvre est délabré, il semble comme défiguré par le temps.
Des baraques de fortune et des échoppes sont disposées à proximité du palais, exposées à de nombreux risques comme les inondations ou les incendies.
Le palais et les jardins semblent en friche.

On peut être amené à penser que Voltaire parlait certainement de l’état général de Paris mais aussi du quartier du Louvre… Dans ses écrits Des embellissements de Paris en 1749 explique qu’il serait préférable de « dégager les grands édifices de Paris des bâtiments des Goths et des Vandales, et d’assainir des quartiers hideux qui représentent le temps de la plus honteuse barbarie ».

Des actes étranges commencent à se multiplier dans la ville. Pourtant, déjà en 1667, Louis XIV décide de la création d’une permanence de police dans la ville.


Le lieutenant détient tous les droits d’informer le roi sur les évènements qui ont lieu dans la capitale.
Ainsi nous voyons la délation aller bon train, c’est la naissance des indicateurs que l’on surnomme les mouches : la police des mœurs.

Il faut savoir qu’au début du XVIIIème siècle, la géographie sociale change. Les lieux de drague et de sociabilité se voient se délocaliser et s’inverser géographiquement.

De nombreux rapports sont rendus sur les lieux les plus fréquentés par les gens de bonnes mœurs et surtout sur les "autres ", mis en avant. La police des mœurs « part en chasse » pour trouver ces personnes s’adonnant à des activités peu religieuses.

Un exemple ?

Il existait des personnes gênantes qui s’adonnaient aux plaisirs de la chair en lieux privés (cabarets) et même en public. Ces personnes aux mœurs gênantes ? Des homosexuels…

N’oublions pas que nous sommes au XVIIIème siècle, au-delà des mœurs légères et libertines appliquées dans les hautes strates de la société de l’époque, ce sujet semble être sensible, même tabou. J’ai écumé beaucoup de livres d’histoires (ceux qui résument l’histoire du Louvre, puisque l’histoire que je souhaite vous partager se passe au Louvre) et je n’en n’ai pas trouvé un seul parlant de cet aspect tout aussi important de l’histoire que les changements effectués durant ce siècle des Lumières.

Pourtant cette période de l’Histoire de France fait partie d’une des périodes les plus importantes dans l’histoire de l’homosexualité. Les esprits semblent s’ouvrir. Pendant que Montesquieu et Voltaire s’insurgent de ces pratiques et que ces deux hommes s’interrogent tout de même sur la pénalisation qu’ils jugent trop lourde sans s’y opposer (l’homosexualité était pénalisée lourdement), Rousseau est catégorique, il est contre cette sexualité jugée hors norme.

L’acceptation de l’homosexualité fait quand même son chemin jusqu’aux textes de loi. Enfin, il aura fallu attendre 1791 pour dépénaliser complètement l’homosexualité (premier pays à ne plus parler de « crime de sodomie »).

Keith Haring

A Paris, c’est une révolution. Des lieux déjà existants mais cachés jusqu’alors ouvrent un peu plus « publiquement » comme par exemple le Cabaret Poirier, rue des Etuves-Saint-Honoré (actuelle rue Sauval), le Soleil d’Or rue de Lappe ou encore nombres de bars gays… non, pas dans le Marais… sur le faubourg Saint-Antoine.

D’ailleurs, à l’arrivée des beaux jours, les quais étaient témoins de nombreuses baignades. De jeunes gens venaient en groupe pour plonger nus dans la Seine sous les regards d’adultes intéressés.

La drague s’effectuait en clubs privés mais était encore plus fréquente en extérieur.

Le lieu le plus connu ? Je vous en parlais il y a cinq minutes… le Louvre.
 
Des téméraires s’engageaient sur la partie basse des Champs-Elysées pour y flirter puis, une fois le partenaire choisit, les deux hommes traversaient la place Louis XV (place de la Concorde) pour se réfugier coquinement dans les bosquets du jardin des Tuileries. S’y rencontraient, des hommes s’adonnant à la prostitution comme des homosexuels en quête d’histoires sans lendemain.

On sait également que non loin de là, sur une allée bordée de potagers, l’allée des Veuves, les fricoteurs s’y donnaient rendez-vous dans des guinguettes spécialisées.
Cette allée n’est autre que l’avenue la plus luxueuse de Paris : l’avenue Montaigne !

Scoop : encore aujourd’hui il semblerait que des hommes se retrouveraient encore dans les bosquets du Louvre… Vous n’irez plus au Louvre par hasard ! 

Si vous ne me croyez toujours pas, même Paris ZigZag en parle

Je pense que vous ne partirez plus pique-niquer en ces lieux pour privilégier peut-être des endroits moins... bordés de buissons. 

Paris regorge de choses surprenantes, on vous l'a souvent dit !

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