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lundi 30 mai 2016

J.R Boronali, ce peintre Montmartrois des temps modernes

L’affaire se passe au début du XIXème siècle dans un des cabarets les plus anciens de France : Le Lapin Agile.


Frédéric Gérard, dit Frédé, en est le propriétaire. Il est le moteur de sa grande réussite.
En instaurant une direction plus artistique, il en fait un lieu à la mode, un repère d’artistes et d’intellectuels. On y compte parmi les clients fidèles Picasso, Modigliani, Caran d’Ache, Roland Dorgelès, Apollinaire, …

Le père Frédé anime ses soirées. Il chante et fait chanter les uns et déclamer les autres.
Accompagné de sa guitare et de son violoncelle, toute la bohème Montmartroise s’y retrouve le soir, dans la bonne humeur.

On assiste à des discussions autour des thèmes artistiques mettant la clientèle en effervescence.
C’est une époque où l’on refuse les nouvelles peintures dans le milieu très fermé de l’art. En effet, toute peinture n’ayant pas été réalisée en suivant les critères académiques n’est pas considérée comme une œuvre d’art.

On refuse donc à certains artistes d’exposer leurs toiles voire même l’entrée dans les salons.
Je vous énonçais tout à l’heure Roland Dorgelès.

Au début du siècle dernier, il travaille en tant que journaliste pour la revue Satirique le Fantasio. Il aime dénoncer les débordements du marché de l’art et ses tarifs excessifs par rapport à la qualité des œuvres. Pour lui, la peinture abstraite n’est autre qu’un gribouillage d’un enfant en bas âge que l’on vend à un prix trop élevé qui n’est pas justifié.

Durant l’hiver 1910, il décide de monter une école qui leur permettrait, à lui et ses deux amis (son directeur de rédaction et le critique André Warnod), de trouver des critiques d’art et des nouveaux artistes pour les ridiculiser.

Il grimpe donc la butte jusqu’au Lapin Agile pour trouver un complice dans cette affaire. Ce n’est pas à un artiste peintre qu’il demande de l’aide mais à Frédé… qui accepte bien sûr, il devient l’imposteur.

Il fait alors, soi-disant appel à un peintre J.R Boronali. Ils s’associent dans la réalisation d’une toile : Le Coucher de Soleil sur l’Adriatique ».


La toile est exposée au Salon des Indépendants. C’est un succès, la toile est vendue 400 francs !
On souhaite trouver l’artiste afin de le féliciter pour son chef d’œuvre… En définitif, Frédé leur annonce que cette œuvre d’art n’est autre qu’une croûte faite par lui-même et la queue de son âne, Lolo.


Par ce geste, les compères souhaitaient tourner en dérision les nouvelles idées de l’école futuriste qui était défendue par de grands peintres (leur renommée a été tardive voir posthume) comme Picasso.

Je crois bien qu’ils ont réussi !


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