Il existe encore quelques traces visibles de cette époque qui
posent d’ailleurs des problèmes éthiques.
Un jour, lors de mes lectures,
je suis tombée sur cet écrit de Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot (dans « Toute
l’histoire du monde de la préhistoire à nos jours ») qui pourrait résumer
mon point de vue :
« En France, il y a un siècle, ceux qui savaient lire
savaient aussi se situer dans l’espace et le temps. […] Il n’en est plus ainsi.
Les Français et d’ailleurs tous les Occidentaux, sont devenus, pour la plupart,
des hommes sans passé, des « immémorants » (ce mot, un néologisme,
décrit assez bien la situation). »
Vous vous promenez entre la rue Montorgueil et la rue des Petits-Carreaux
(qui sont dans le même prolongement). Vous êtes dans une ambiance particulière
avec plein de commerces de proximité. Vous levez la tête pour observer ces
vieilles bâtisses au charme si singulier et votre regard se pose un peu en
hauteur… Peut être attirés d’abord par ce cadre de façade en bois qui semble
très vieux et s’émietter avec le temps qui passe, votre regard se portera
sûrement sur cette drôle illustration :
Vous lisez « Au Planteur », observez ce dessin qui semble très
étrange (surtout avec vos yeux d’un XXIème siècle plus évolué), une
inscription ci-dessous « Aucune Succursale » et aurez sûrement, comme
tout le monde, cette réaction intérieure de rejet (les plus expressifs pourrons
même aller jusqu’à faire une grimace).
Il faut savoir que c’est
une des deux seules enseignes de l’époque des colonies qui a résisté dans tout
Paris (la deuxième, j’y reviendrais plus tard, se nomme « Au Nègre Joyeux »). A cette période, au XVIIIème siècle, beaucoup de magasins aux
produits exotiques ouvraient et arboraient de telles illustrations pour attirer
le client. Les personnes à la peau noire sont toujours représentées avec le
sourire et au service d’hommes à la peau blanche.
Cette enseigne en céramique nous présente un esclave noir
(entendez le mot « nègre » retiré fort heureusement et à juste titre
de la langue française) qui sert un café à son maître blanc, le colon.
L’esclave est représenté debout, presque nu, habillé d’une
culotte blanche et rouge.
Le maître est assis, tout de blanc vêtu jusqu’à son large
chapeau (tenue de style colonial).
Cette enseigne datant de 1890 (et exécutée par Crommer) fut
installée lors de l’activité d’un magasin de produits exotiques qui fournissait
également du café.
Sa présence actuelle s'explique par la valeur de sa devanture qui été classée Monument Historique (1984). Les
magasins présents aujourd’hui sont des commerces n’ayant aucun rapport avec son
activité passée.
La raison pour laquelle cette ancienne boutique se nommait « Au
Planteur » vient du fait que le planteur désignait l’exploitant d’une
plantation ou son propriétaire (désignant donc le colon).
Garder ou retirer ces enseignes ?
Vous avez certainement un avis sur la question.
En tout cas, la polémique a fait grand bruit. Je vous laisse vous rediriger vers l’article du Nouvel Obs si vous souhaitez en savoir plus...
En tout cas, la polémique a fait grand bruit. Je vous laisse vous rediriger vers l’article du Nouvel Obs si vous souhaitez en savoir plus...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire