Les exécutions s’effectuaient par décapitation (à la hache
ou à l’épée), pendaison, ébouillantage mais aussi au bûcher ou par l’écartèlement.
Par ces divers moyens, on appliquait la peine de mort en
exécutant les condamnés de manière complètement inégale. Par des moyens aussi
variés, certains mouraient rapidement pendant que d’autres se voyaient
prolonger la peine dans d’atroces souffrances jusqu’à ce qu’ils poussent leur
dernier souffle.
Le Docteur Joseph-Ignace Guillotin décida de mettre au point
une machine permettant leur exécution de manière rapide et égalitaire face à la
peine capitale : l’exécution serait la même pour tous, la décapitation.
Il savait que la section de la moelle épinière entrainerait
une perte de connaissance instantanée et donc provoquerait la mort immédiate et
sans souffrance.
Le 28 Novembre 1789, Guillotin présente son projet :
fabriquer une machine destinée à décapiter les condamnés.
Il clame à l’Assemblée :
« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un
clin d’œil, et vous ne souffrez point. »
Il fait écrire une loi stipulant que « Les délits du
même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et
l’état du coupable ».
Un édit est proposé par Le Pelletier de Saint-Fargeau à l’Assemblée Constituante :
« Tout condamné à mort aura la tête tranchée. » pendant que
Robespierre s’oppose à tout projet d’exécution désireux de faire abolir la
peine de mort.
Guillotin, finançant ce projet, fait appel au chirurgien
Antoine Louis (secrétaire perpétuel de l’Académie de Chirurgie) pour sa
création.
Sa conception est belle et bien française même si les deux
hommes s’inspirent de machines déjà existantes, utilisées à l’étranger (connues
en Angleterre depuis le XIIIème siècle ou encore en Italie).
C’est ainsi qu’Antoine Louis fabrique une première machine
que l’on surnomme La Louison ou Louisette.
Il place le tranchoir entre deux montants permettant un
trajet direct de la lame.
L’Assemblée demande au concepteur d’améliorer cette machine
à couper les têtes.
Antoine Louis s’entoure d’un mécanicien allemand, Tobias
Schmidt qui l’aide à modifier la Louison.
Les deux hommes prennent également conseil auprès de Sanson
(le bourreau de la Cour) accompagné d’un inconnu (qui n’est autre que Louis
XVI).
C’est le roi lui-même qui leur donna de précieux conseils et
redessina la lame. Evènement tragique quand on sait qu’il sera exécuté par ce
même bourreau et ce même couperet…
Représentation de la tête de Louis XVI entre les mains de son bourreau lors de son exécution le 21 Janvier 1793 |
Ils transforment donc la lame initialement en forme de
croissant, en forme de trapèze.
Il est décidé de changer l’axe du couperet, d’horizontal il
passe à la verticale (on coupe beaucoup plus vite une tête avec ce nouvel axe).
Le roi leur conseille également d’effectuer des tests.
Pour ce faire, ils choisissent de tester ces procédés sur de
malheureux moutons en plein Passage du Commerce Saint-André-des-Arts (au numéro 9) …
La guillotine dont on se servait pour effectuer les test se situait par ici |
Numéro 9 du Passage du Commerce Saint-André-des-Arts |
Lors du test à l’horizontal, deux des trois têtes tombent.
Lors du test à la verticale, les trois têtes sont tranchées.
Afin d’être tout à fait sûrs, ils essaient également sur
trois cadavres.
Les « résultats » sont en faveur du couperet
vertical. C’est ce dispositif qui est choisi.
Mais alors pourquoi guillotine ?
Elle tient son nom des journalistes parlementaires qui,
mécontents de se voir exiger une meilleure conduite de la part du docteur,
attribuent son nom guillotine à cette machine du diable.
Une idée qui déplait bien sûr fortement à l’intéressé mais
qui ne réussira jamais à en faire changer l’appellation.
Elle porta pourtant d’autres surnoms : le « rasoir
national », la « Veuve » ou encore « la bascule à Charlot
(en référence au bourreau Sanson qui s’appelait Charles-Henri, qui exécuta
nombre de personnes et personnalités dont Louis XVI et Marie-Antoinette).
Le premier à avoir été décapité fut le voleur
Nicolas-Jacques Pelletier le 25 Avril 1792.
Le plus surprenant ?
Le docteur Guillotin n’assistera jamais aux décapitations
faites par la machine qu’il avait pourtant financé.
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