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mardi 10 mai 2016

Nous acceptons des tramways mais pas au détriment de Lutèce

Nous sommes à l’ère de la Révolution Industrielle.

La population, en forte augmentation, se déplace de manière différente. Paris est sur le point de s’agrandir, de se voir naître Paris capitale à 20 arrondissements, le Paris que l’on connait aujourd’hui.


Les transports laissent « à désirer », le réseau est un peu « fouillon ». Beaucoup de compagnies ont leurs propres lignes, leurs propres itinéraires, leurs propres moyens de locomotion … pas facile de s’y retrouver.

De nouvelles techniques sont testées : l’omnibus (dont je vous ai parlé précédemment), le tramway, l’autobus, le trolleybus. Certains sont tractés par des chevaux, d’autres sont à vapeur ou encore à air comprimé et même électriques.

Le moyen de transport qui nous intéresse aujourd’hui est le moyen de transport le plus usité après l’omnibus : le tramway, une sorte d’omnibus sur rails.


C’est à la Compagnie Générale des Omnibus que la ville de Paris confie en 1855 la lourde affaire de réorganiser de transport de Paris et de sa « proche banlieue » (la banlieue étant à cette époque les parties rattachées depuis 1860 durant l’annexion des villages alentours faisant partie intégrante des 20 arrondissements actuels).

L’entreprise fusionne avec les dernières compagnies de transport. La dernière qui fut absorbée par la Compagnie des Omnibus avait mis en place la première ligne de tramway expérimentale tractée par des chevaux, ligne que l’on appelait Chemin de fer américain (Concorde – Pont de Sèvres).

Tramway Hippomobile
Le point important à sa rappeler dans cette histoire, en tant qu’amoureuse du patrimoine et de la capitale, est la manière dont s’est implantée la Compagnie Générale des Omnibus.

En 1869, la société doit construire et aménager des lignes de tramway.

Elle décide de s’implanter dans un quartier central de la ville, le Vème arrondissement, près de la rue Monge.

Malheureusement pour eux, ils déterrent des vestiges enfouis depuis plus de dix-sept siècle !


Les Arènes de Lutèce voient de nouveau le jour. Celles-ci sont condamnées à disparaitre pour se voir remplacer par un dépôt de tramways.

Seulement voilà, de grands hommes s’insurgent contre ce projet de démolition. Ce projet ne doit pas aboutir surtout quand il s’agit de détruire les vestiges de l’Histoire de Paris. C’est l’un des rares vestiges de l’époque romaine de Paris encore présent pour témoigner de la vie antérieure de Paris (Lutèce).



On fonde la Société des Amis des Arènes afin de faire valoir sa valeur historique dans le but de les conserver.

Des personnalités comme Victor Duruy (homme politique et historien français) et Victor Hugo se battent dans la protection de ces précieuses ruines.

Victor Hugo, homme très engagé dans leur cause, écrit la lettre suivante au Président de la République :

« Monsieur le Président,
Il n’est pas possible que Paris, la ville de l’avenir, renonce à la preuve vivante qu’elle a été la ville du passé. Le passé amène l’avenir. Les arènes sont l’antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même. Conservez les Arènes de Lutèce. Conservez-les à tout prix. Vous ferez une action utile, et ce qui vaut mieux, vous donnerez un grand exemple.
Je vous serre les mains »
Victor Hugo

Ouf ! Les Arènes seront donc conservées. La Compagnie Générale des Omnibus se voit contrainte de déplacer son dépôt. Elle en créera plusieurs dont le plus important se trouvait à Bastille avec de nombreuses lignes se dirigeant vers les points les plus centraux de Paris (la ligne Madeleine – Bastille était la plus rentable).

On peut imaginer que le dépôt de tramways de Bastille devait ressembler à celui de Malakoff

Compte tenu de l’évolution des moyens de transport parisien, notamment du métropolitain et du début de la première guerre mondiale, la CGO s’intègre à la Société des transports en commun de la région parisienne (les membres de la Compagnie ont été appelés à combattre), il existe toujours des tramways mais ceux-ci sont placés le long des Maréchaux (la 1ère couronne avant la bordure du périphérique) et en banlieue.

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